Zwischenwerk Baden-Bismarck - Ouvrage intermédiaire Frère-Kléber
Dernière mise à jour : 11 janvier 2020
Situation géographique et stratégique
Secteur défensif de la place de Strasbourg : Secteur Ouest.
Commune : Oberhausbergen. Au sud de la commune, près de la zone sportive.
Autour de l’ouvrage ont été installé le hall couvert du tennis club, le centre sportif et culturel de la commune d’Oberhausbergen, terrain de football du club local et un terrain de pétanque. Tous ces équipements ont recouvert l’ancien glacis, le chemin couvert et le fossé.
Photographie aérienne de septembre 1950. Source : IGNF.
Construction et modernisations
Construction : 1887 – 1889.
Modernisations successives : 1890 – 1916.
Distances avec les autres ouvrages / Abstand zu den Nachbarwerke
Au Nord : Fort Großherzog von Baden – Fort Frère : 1,872 km (1,63 miles).
Au Sud : Fort Fürst Bismarck – Fort Kléber : 1,366 km (0,849 miles).
Caractéristiques
Compte tenu de la crise dite de la brisance « Brisanzkrise » en Allemagne et dite de l’obus torpille en France, c’est-à-dire la mise en service de projectiles d’artillerie chargés de nouvelles poudres plus puissantes que la poudre noire, une des réponses des autorités militaires a été le renforcement de la ceinture de fortification par des ouvrages intermédiaires. Ce nouveau type d’ouvrages a déjà été construit depuis 1875 pour la ceinture des forts détachés de Cologne et depuis 1878 pour celle de Posen.
A Strasbourg on érige entre 1887 et 1891 cinq ouvrages intermédiaires au tracé simplifié, dont deux à fossé sec et trois à fossé plein d’eau. Ces ouvrages sont dénommés par les deux noms des forts situés de part et d’autre. Sur le front ouest de la ceinture des forts détachés de Strasbourg, on construit donc deux ouvrages intermédiaires qui complètent les intervalles. Ce sont des ouvrages de forme générale identique avec un fossé sec couvert par deux coffres de contrescarpe (un coffre simple à l’angle d’épaule gauche et un coffre double à l’angle d’épaule droit). Le front de gorge au tracé linéaire est battu par une caponnière de gorge. Le volume des façades a été réduit ce qui les rends moins visibles et donc moins vulnérables. Ces ouvrages comprennent deux traverses-abris sur le front, et une traverse-abri sur chaque flanc. Initialement ils ont été conçus pour recevoir quelques pièces d’artillerie qui doivent essentiellement couvrir les intervalles, en règle générale 4 canons de 9 cm lourds (état de 1905). Mais au début du 20e siècle, avant la première guerre mondiale, ils perdent leur dotation en pièces d’artillerie et deviennent des points d’appui d’infanterie. Les ouvrages intermédiaires à fossé sec sont entourés par une grille métallique et par un chemin couvert et un glacis. Le chemin couvert du front est muni d’un blockhaus. Par ailleurs, lors de la mise en état de défense d’août 1914, l’ouvrage est entouré d’un large réseau de fil de fer et de barbelés.
A Oberhausbergen, on érige un ouvrage intermédiaire à fossé sec dénommé Zwischenwerk Baden-Bismarck.
Tableau représentant le Zwischenwerk Baden-Bismarck vers 1900 (André Brauch)
Dénominations successives
Les ouvrages intermédiaires prennent le nom des deux ouvrages voisins, dans l’ordre de numérotation allemand, qui commence au nord de Strasbourg, sur la rive gauche du Rhin, dans le sens inverse des aiguilles d’une montre. Les ouvrages intermédiaires n’ont pas de de nom propre, et en définitive, ils prendront le nom des deux forts dont ils comblent l’intervalle : il s’agit du Zwischenwerk Baden-Bismarck et les Français n’ayant visiblement pas dérogé à la règle allemande l’appelle Pétain-Kléber puis Frère-Kléber.
1888 - 1918 : Zwischenwerk Baden-Bismarck.
Avril 1919 : Ouvrage Pétain-Kléber.
Juin 1940 : Zwischenwerk Baden-Bismarck.
1945 : Ouvrage Frère-Kléber.
Mission
1888 – 1910 environ : Couvrir l’intervalle entre le Fort Frère et le Fort Kléber. L’intervalle entre le Fort Grossherzog von Baden, l’ouvrage Baden-Bismarck ; Fort Prinz Bismarck et le Fort Kronprinz von Sachsen est le point d’attaque probable de la place forte de Strasbourg. Il est donc également appuyé à partir de 1887-1890, derrière la ligne principale de défense, par une très longue ligne de batteries d’artillerie successives entre le bas de la colline de d’Oberhausbergen et Eckbolsheim. Ces batteries sont pourvues d’épaulement en terre et d’abris d’artillerie et d’abris à munitions.
1910 environ – 1918 : En cas de mise en état de défense on prévoit la construction de la ligne de la Bruche entre la ceinture des forts détachés de Strasbourg et le fort de Mutzig (Feste Kaiser Wilhelm II). L’ouvrage Baden-Bismarck se retrouve donc en deuxième ligne, derrière les puissantes positions de la ligne de la Bruche. L’ouvrage devient un point d’appui d’infanterie.
Accès et visites
Ouvrage partiellement remblayé. Terrains de sport de la commune d’Oberhausbergen, partiellement accessible. Les locaux de l’ouvrage sont utilisés comme dépôt des services municipaux et sont inacessibles.
Etat de l’ouvrage et intérêt patrimonial
Même si l’essentiel du fossé a disparu, le restant de l’ouvrage mérite d’être conservé en l’état.
Description
Entrée et caserne de gorge
L’entrée de l’ouvrage intermédiaire était protégée par des grilles. A gauche de l’entrée, on trouve à priori une maison de garde du génie « Wallmeister » qui existe toujours, mais dont l’étage supérieur a été modifié.
Entrée de l’ouvrage intermédiaire qui sert de dépôt aux services techniques de la commune. La caserne de gorge comporte une caponnière double à son extrémité gauche. Au-dessus du rempart de gorge, une sortie troupe bétonnée. Photographie © MJR 1996-06
La sortie troupe bétonnée vue de la cour intérieure. © MJR 2017-03.
Glacis, chemin couvert & fossé
Le glacis, le chemin couvert, le fossé et ses grilles ont pratiquement disparu après l’installation des terrains et salles de sport. Toutefois on aperçoit toujours le dessus de l’ancien blockhaus du chemin couvert. Photographie © MJR 2017-03.
Front de tête : rempart et casemates
La façade de gorge à un seul niveau, est située sous le rempart du front de tête est bien noyée dans le terrain. Ses locaux casematés sont reliés au casernement de gorge par les poternes et locaux situés sous le flanc droit.
Vue du rempart depuis le fossé comblé, le ravinement de la pluie a largement atténué la pente initiale du rempart. Photographie © MJR 2017-03
Cinq vues de la façade de gorge sous le rempart du front de tête. Photographie © MJR 2017-03
La façade de gorge était munie de plaque blindées protégeant les prises d’air du système de ventilation, qui ont malheureusement disparues. L’essentiel des cheminées est encore présent.
Façade de gorge sous le rempart du front de tête : il s’agit d’une maçonnerie en briques, recouverte d’un plaquage en pierres de taille. Voici le détail maçonné avec soin de la jonction entre les pierres de l’embase du mur et la façade. Photographie © MJR 2017-03
Quelques vues de l’intérieur des casemates à l’épreuve des bombes sous le rempart du front de tête. A remarquer ces belles maçonneries très soignées des voûtes. Photographie © MJR 2017-03.
Traverse-abri n°3 du front. Photographie © MJR 2017-03
Vue de la façade de gorge des casemates du front. Photographie © MJR 2017-03
Flanc gauche
Traverse-abri n°1 du flanc gauche. Photographie © MJR 2017-03
Flanc droit
Traverse-abri n°4 du flanc gauche. Photographie © MJR 2017-03