Fort VI – Fort Wolfisheim – Fort Fürst Bismarck – Fort Kléber

 

Dernière mise à jour : 13 août 2020

 

Façade de gorge et entrée du fort Kléber © MJR août 2009.

 

Situation stratégique et mission

 

1875- novembre 1918 : le Fort Bismarck était un des grands grand ouvrage de la ceinture forts de la ceinture des forts détachés de Strasbourg. Situé sur la rive gauche du Rhin (côté alsacien), il était un des principaux ouvrages chargés de la défense du front ouest de la place forte, avec les forts Kronprinz (Foch), Baden (Frère) et Sachsen (Joffre), distants de 3 à 3,5 km entre eux. Cette répartition montre clairement que, pour les Allemands, le secteur menacé est le front Ouest de la place forte. Ce secteur était donc un des plus sensible de la place, puisque le fort Fürst Bismarck, avec le Fort Grossherzog von Baden, étaient le point d’attaque de la place en cas de conflit avec la France. Les terres qui s’étendent vers le Kochersberg sont traversés par de nombreuses routes qui convergent vers Strasbourg, dont la route de Paris (actuelle RN4) qui est directement sous le contrôle des forts Kléber et Frère.

Au fort VI – Fürst Bismarck – actuel Fort Kléber, construit en avant du petit village de Wolfisheim, échoit la mission capitale de verrouiller la route de Paris (actuelle RN4) et de contrôler les terres qui s’étendent au nord du cours de la Bruche.

 

Distances avec les autres ouvrages / Abstand zu den Nachbarwerke

 

Au nord-est : Fort Grossherzog von Baden – Fort Frère : 3,087 km (1,918 miles).

Au nord : Zwischenwerk Baden-Bismarck – ouvrage Frère-Kléber : 1,366 km (0,849 miles).

Au Sud : Fort Kronprinz von Sachsen - Fort Joffre : 3,450 km (2,144 miles).

Stadtbefestigung – enceinte urbaine : 4,828 km (3 miles).

 

Situation géographique

 

Ban de la commune de Wolfisheim.

Le fort est implanté au nord-ouest de Wolfisheim. Il fait aujourd’hui partie intégrante du tissu urbain de la commune.

Références cadastrales : Section 13 ; parcelle 376.

Surface de l’emprise : environ 11 hectares.

 

Typologie de l’ouvrage

 

Grand fort de ceinture à fossé sec.

 

Construction (gros œuvre)

 

Août 1872 – 1875.

 

Inscription à l’intérieur du porche d’entrée du fort Kléber : « F-lt Riegel, 1875 ». Dans la plupart des forts de Strasbourg, on trouve ce type d’inscription. Il s’agit en règle générale de l’officier ingénieur du génie de l’armée impériale allemande qui a surveillé les travaux et dressé le plan. Ici il s’agit du lieutenant ingénieur Riegel du service des fortifications de Strasbourg. © MJR août 2009.

 

Dénominations successives

 

1872 – 31 août 1873 : Fort VI, Fort Wolfisheim.

 

1er septembre 1873 – 1918 : Fort VI, Fort Fürst Bismarck (dénommé fort Prince de Bismarck en France).

 

Avril 1919 – juin 1940 : Fort Kléber.

 

Juillet 1940 – 1944 : Fort Bismarck (tous les ouvrages reprennent leur nom allemand d’origine).

 

1945 – à nos jours : Fort Kléber.

 

Etat actuel

 

Le fort a subi un certain nombre d’aménagements pendant sa période d’utilisation active par l’armée française. Ce qui était alors une véritable caserne devait avoir des locaux aptes à abriter de manière permanente les officiers, sous-officiers et hommes de troupe du Centre Mobilisateur 66. La plus grande partie des chambrées de la caserne a été réaménagée et dotée d’un chauffage central. Une cuisine moderne, des locaux techniques occupent un certain nombre de travées. Le matériel militaire roulant a toutefois été stocké dans les vastes hangars qui entourent le fort.

Divers travaux ont été réalisés sur le front de gorge : pose d’un enrobé sur la place d’armes de gorge, dans le fossé face à la courtine. Un pont a été construit sur la gorge face à la porte d’entrée. La rampe d’origine a été supprimée. Ces réalisations sur le front de gorge ont partiellement affecté la configuration initiale des lieux, mais sans affecter réellement la façade de la caserne ni l’entrée du fort.

Le bâtiment a été respecté. La place d’armes de gorge subsiste, ceinte de son mur couronné de ses grilles défensives d’origine. Le blockhaus est intact quoique réaménagé. Le magasin à poudre de la place d’armes est intact, dans un état très proche de son état d’origine.

Bien que la caserne ait été restructurée, on peut relever le fait que les travaux ont préservé le bâtiment. Les vantaux blindés des portes du vestibule intérieur de la poterne d’entrée sont d’origine. Les enduits ont été retirés des murs et des voûtes pour des raisons esthétiques. L’appareil de pierres de grès est bien mis en valeur.

La seconde porte du vestibule intérieur passée, nous découvrons un autre visage du fort : la galerie principale, les poternes transversales et les locaux du front de tête sont restés relativement bien préservés. Les corps de casemates de rempart sont quasiment intégralement dans leur état d’origine (hormis celui du flanc gauche qui avait partiellement été réaménagé par l’armée française), ainsi que les magasins à poudre de guerre.

Ce fort a intégralement conservé son organisation d’origine. Le fossé est intact. Murs d’escarpe et de contrescarpe, organes de défense et système de contremines sont bien préservés. Les grilles défensives couronnant le mur de contrescarpe sont en place. Ce fort dispose d’un système de défense du fossé plus élaboré que les autres forts à fossés secs de la ceinture. Il a été le seul fort sur lequel les travaux de modernisation des organes de défense du fossé ont été poursuivis jusqu’à leur terme.

Les remparts de terre sont très bien préservés. Les remparts du front de tête, des flancs, de la gorge, la traverse en capitale, une partie des rampes dans les cours intérieures, conservent leurs profils originaux.

Le fort a fait l’objet de travaux de déboisement mettant en valeur les cours intérieures et le rempart d’artillerie du front de tête. Les flancs restent partiellement couverts par une végétation assez dense. Les différentes traverses-abris sont bien dégagées.

Les locaux à l’épreuve du front de tête n’ont pas été affectés par des transformations postérieures à 1918. Le gros-œuvre est intact. On ne constate pas de destruction ou de modifications importantes dans les maçonneries. Les façades conservent intégralement leur aspect d’origine.

Une partie des équipements d’origine ont été prélevés. Les cuisines d’origine, le four de boulangerie, la pompe du puits et le système de ventilation mécanique ont disparu. Les toilettes de la caserne ont été transformées.

En revanche, on trouve encore les cuirassements (deux postes d’observation cuirassés modèle 1890 - intacts), les grilles et vantaux en acier de la plus grande partie des portes, les monte-charges d’artillerie des traverses-abris, les volets et plaques d’embrasure des divers types de créneaux.

Des travaux de maintenance ont été entrepris par l’association de gestion du fort qui a déjà procédé à des visites publiques lors de journées portes ouvertes. Cette initiative a permis de mettre en valeur divers éléments de l’ouvrage. Une partie des locaux jusqu’alors inemployés par l’armée ont été nettoyés et restaurés. Ces travaux sont actuellement poursuivis par le personnel communal.

L’ensemble du fort est en bon état. Les travaux entrepris jusqu’à présent ont permis une véritable mise en valeur de cet important élément du patrimoine de la commune.

 

Intérêt de conservation de l’ouvrage

Le fort Kléber est en définitive un ouvrage très intéressant et plutôt bien préservé malgré les aménagements réalisés dans la caserne. Il constitue un exemple très complet d’un grand fort à fossé sec appartenant à la première génération d’ouvrages construits au lendemain de la guerre de 1870-71. Il n’a d’équivalent que les forts Fort Foch et Frère), qui appartiennent à sa catégorie.

Le fort présente toutefois deux aspects très contrastés : si certaines parties ont été réaménagées d’autres sont intégralement dans état d’origine. Si la caserne a été adaptée pour répondre aux besoins des militaires du Centre Mobilisateur 66, elle conserve son organisation d’origine et une très belle façade. Les travaux exécutés par l’armée ont en définitive été très respectueux des bâtiments.

Les abords du fort ont quant à eux été affectés par la construction de bâtiments extérieurs et de voies de circulation. Le fort est aujourd’hui situé dans une zone urbanisée.

 

Conclusion

Le fort Kléber est en définitive un ouvrage très intéressant et assez bien préservé malgré les aménagements réalisés par l’armée française lors d’une période d’occupation récente. Il constitue un exemple très complet d’un grand fort à fossé sec appartenant à la première génération d’ouvrages construits au lendemain de 1870-71. Il appartient au plan type original du fort de ceinture construit à l’époque de l’empire allemand.

Le fort présente toutefois deux aspects très contrastés : si certaines parties ont été réaménagées pour les besoins de l’unité d’active qui l’occupait et ultérieurement du parc public, d’autres sont intégralement dans leur état d’origine.

 

Intérêt patrimonial

Compte tenu qu’il s’agit d’un des derniers grand fort détaché à fossé sec de type Biehler, encore relativement en bon état, il est primordial que ce monument du patrimoine européen soit conservé autant que possible au plus près de son état d’origine.

 

Accès et visites

Propriétaire : Commune de Wolfisheim, 19, rue du Moulin, 67 Wolfisheim.

Accès fléché depuis la rue du Général Leclerc. Le fort se trouve à l’extrémité de la rue du Fort Kléber.

Parking devant à gauche de l’entrée du fort.

Visite : accès libre pendant les heures d’ouverture au public. Le parc est ouvert aux heures suivantes :

Avril à septembre : 8h00 – 21h00

Octobre à mars : 8h00 – 18h00.

Site de la commune de Wolfisheim :

https://www.wolfisheim.fr/decouvrir/parc-fort-kleber.htm

 

Aire de jeux installée dans la cour gauche du fort Kléber © MJR août 2017.

Parcours sportif installée dans le fossé sec du fort Kléber © MJR novembre 2010.

Autres visites occasionnelles possibles avec l’Association des Amis du Fort Kléber.

Site Internet de l’Association des Amis du fort Kléber :

https://www.fortkleber.fr/index.php

 

D’après le site de l’association prochaine visite guidée : 1er mai 2019.

 

Dans la cour droite du fort, la basse-cour du fort Kléber :

 

Cette basse-cour gérée par les bénévoles d’une association comporte les oies, pintades, canards, paons, pigeons, coq, poules, chèvres, etc., et un cochon. Nourrissage des animaux par l'association vers 16h00 ou 17h00 en fonction des saisons.

 

Site Internet :

https://www.alsace-des-petits.fr/ferme_pedagogique/basse_cour_du_fort_kleber_wolfisheim_67

https://fr-fr.facebook.com/bassecour.dufortkleber

 

Vue de la basse-cour lors de la séance de nourrissage le soir vers 16h00 © MJR novembre 2017.

Tous les ans au fort Kléber le festival « Wolfi Jazz » se déroule fin juin.

 

Chroniques succinctes / Kurze Zeittafel

 

L’histoire des forts de Strasbourg et plus particulièrement du Fort Kléber vous est présentée sous la forme de chronique. En effet, l’état du fort en 1875 est tout à fait différent de celui de 1914. Son histoire évolue constamment. L'ouvrage est profondément modifié environ tous les dix ans. Par ailleurs, au fil des recherches, des données nouvelles pouvant s’ajouter, il s’avère que c’était le moyen le plus simple de vous présenter les faits historiques ayant un rapport avec ce fort. Attention toutefois aux informations générales données par la presse qui comportent souvent des erreurs et des approximations. Seuls les communiqués officiels contiennent les informations les plus fiables. Par ailleurs, il ne faut pas oublier de gratter la couche de nationalisme allemand et français de l’époque. Mais je publie volontairement ces textes qui nous mettent dans l’ambiance de l’époque.

 

Vendredi 17 novembre 1871

Allemagne, Strasbourg place forte : ordre impérial de construction des nouvelles fortifications.

L’acte de naissance officiel et secret à l’époque relatif à la construction des ouvrages de la ceinture fortifiée de Strasbourg est l’ordre du Cabinet impérial du 17 novembre 1871 : « J’ordonne au ministère de la guerre, conformément à l’expertise de la commission de défense du territoire du 26 juin, de ceinturer la forteresse de Strasbourg de forts détachés de telle sorte que la ville soit à l’abri d’un bombardement, et de réaliser ces ouvrages le plus rapidement possible. Entre autres, il faudra également planifier et entreprendre bientôt une extension de la forteresse, au niveau du front Nord. Pour débloquer les fonds nécessaires à ces nouveaux ouvrages, le ministre de la guerre doit entrer en contact avec le chancelier de l’Empire, à condition de financer l’agrandissement de la forteresse avec l’argent provenant de la vente des terrains de construction provenant des anciennes fortifications, mis à la disposition de la ville. Berlin, le 17 novembre 1871. Au ministère de la guerre. Wilhelm Graf von Roon ».

 

Jeudi 21 décembre 1871

Allemagne, fortifications : loi concernant la restriction des droits de propriétaires aux alentours des forteresses.

Pour garantir l’absence d’obstacles au niveau des champs de tir autour des ouvrages de fortification, on a voté en Allemagne la loi du 21 décembre 1871 concernant la restriction des droits de propriétaires aux alentours des forteresses. Cette loi connue sous la dénomination de « Rayongesetz » (loi du rayon de fortification), fixe 3 rayons de fortification aux alentours des ouvrages, à 600, 975 et 2250 mètres, à l’intérieur desquels la construction était sévèrement réglementée voir même interdite. Les litiges concernant ces rayons, ainsi que le passage des routes et des voies ferrées ou l’aménagement de digues étaient soumis à l’examen de la commission impériale de rayon, à laquelle participait deux officiers, un prussien et un bavarois du corps du génie.

 

Mercredi 7 février 1872

Allemagne, Strasbourg place forte : complément d’informations concernant l’adjudication de la construction des forts détachés II à VI.

Le service des fortifications de Strasbourg « kaiserliche Fortification » publie un complément d’informations dans la presse locale au sujet de l’adjudication des forts II à VI à Strasbourg. Les matériaux pour la construction des forts doivent être récupérer à Phalsbourg (démantèlement des anciennes fortifications) et dans les carrières de l’administration militaire. Cela fait l’objet d’une adjudication particulière, à laquelle pourront participer les consortiums, qui ont gagné l’adjudication de construction des forts. La construction d’une voie de chemin de fer de liaison permettra de transporter ces matériaux jusqu’aux chantiers. Pour l’adjudication future de l’exploitation de l’arasement de la place forte de Phalsbourg et pour l’éventuelle installation du chemin de fer de ceinture, aucune restriction n’est imposée, à part la nécessité de fournir des attestations de bonne exécution des contrats précédents délivrés par les autorités aux entrepreneurs.

 

Jeudi 11 avril 1872

Allemagne, Strasbourg, place-forte : Déclaration de l’urgence de la construction des nouvelles fortifications dans le cadre de la procédure d’expropriation.

Pour permettre l’expropriation des terrains situés sur la rive gauche du Rhin, conformément aux lois françaises encore en vigueur, l’empereur Allemand Guillaume Ier signe une ordonnance autorisant les expropriations des terrains pour la construction des futurs forts détachés de Strasbourg sur la base de la loi française sur les expropriations pour le bien public du 3 mai 1841 et de la loi française sur l’expropriation et de la réquisition temporaire de bien privés dans le but de la construction urgente d’ouvrages de fortification du 30 mars 1831. Voici la traduction intégrale de ce texte : « Nous Wilhelm, Empereur d’Allemagne et Roi de Prusse par la grâce de Dieu, nous ordonnons pour l’Alsace-Lorraine au nom de l’Empire d’Allemagne, à la requête du Chancelier d’Empire et sur la base de la loi sur les expropriations pour le bien public du 3 mai 1841 (Bulletin des lois 9, série n°9285) et de la loi sur l’expropriation et de la réquisition temporaire de bien privés dans le but de la construction urgente d’ouvrages de fortification du 30 mars 1831 (Bulletin des lois 9, série n°98), ce qui suit : Conformément à l’intérêt public de la nécessité urgente d’agrandir les fortifications de Strasbourg, conformément au plan qui nous est présenté, les autorités chargées des travaux peuvent, par cette ordonnance, acquérir les parcelles de terrain nécessaires par des expropriations. Avec notre haute signature manuscrite et le cachet impérial ; A Berlin, le 11 avril 1872. Signé Wilhelm ». Par ordre pour le Chancelier d’Empire, signé Delbrück. Ordonnance rendue publique, à Strasbourg le 17 avril 1872. Signé von Möller.

 

Vendredi 12 avril 1872

Allemagne, Strasbourg place forte : Construction des nouvelles fortifications.

Un journal de Strasbourg qui a repris un article publié par un journal allemand a publié cet article : « Strasbourg le 12 avril 1872. De Strasbourg, d’après la « Spener’schen Ztg. » à propos de la construction des ouvrages de fortifications” : « La ville doit être munie d’une ceinture de 18 forts distants en moyenne d’environ d’une lieue « Meile » de l’enceinte de la ville. Dans un premier temps, la construction de 5 forts au nord-ouest va être commencée, et l’exécution de ces travaux a été adjugée à plusieurs consortiums de maître maçons. La construction de ces 5 premiers forts doit être complètement achevée au 1er avril 1875. Les plans délivrés aux entrepreneurs sont assez succins, la réalisation des dessins de détail reste à leur charge, bien que les plans délivrés soient déjà de grande qualité. Ces consortiums commencent à présent à ériger sur les emplacements des futurs chantiers un certain nombre de logements et même des cantines pour les colonies de travailleurs d’une capacité d’environ 800 à 1 000 personnes. Ces derniers viendront essentiellement de l’ancienne Allemagne « Alt-Deutschland », puisque les Alsaciens ne veulent pas s’adonner librement à ces travaux. Seulement après l’achèvement de ces 5 forts que l’on commencera la construction des 13 autres, et là seulement, lorsqu’ils seront tous terminés, alors que le coût global est estimé entre 30 et 40 millions de Thaler, commencera la démolition des anciennes fortifications ». Remarque : on ne construira que 14 forts détachés autour de Strasbourg.

 

 

Jeudi 27 juin 1872

Allemagne, Strasbourg, place forte : Travaux des nouvelles fortifications.

Strasbourg le 27 juin 1872. Le journal de Vienne Neue Freihe Presse écrit d’ici : « Des forts qui doivent transformer notre ville en place forte de 1er rang, depuis quelques temps les travaux de certains d’entre eux ont été pris à bras le corps, et plus précisément les deux, qui couronnent les Hausbergen, une croupe de terrain allongée fort imposante, situé environ sur la ligne entre Strasbourg et Saverne. C’est seulement après l’achèvement des forts que l’on commencera l’extension de la ville qui est d’ailleurs fort attendue, une date surveillée par l’association de promotion de la construction « Bauverein » qui vient d’être créé. Cette association d’entre aide doit aider les familles dans l’acquisition des logements, en leur permettant de payer par fractions ces investissements. D’ailleurs, le manque de logements actuel sera bientôt résorbé, puisque dès cet automne on aura reconstruit la plupart des immeubles détruits lors du siège ».

 

Lundi 1er juillet 1872

Allemagne, Strasbourg, place forte : Travaux des nouvelles fortifications.

De l’Alsace le journal « Deutsche Presse » publié à Francfort a écrit sur les fortifications de Strasbourg : « Au Strasbourg, 1er juillet (1872). Au nord entre l’Ill et le Rhin l’enceinte de la ville, qui reliera à 3 kilomètres l’actuel front jusqu’au canal, sera avancée de telle façon, que les belles promenades entre la Robertsau et la place de la Robertsau seront incluses dans l’enceinte. C’est à cet endroit que l’on construira un port et canal, qui vient du Rhin et passe par Kehl, et permette un meilleur approvisionnement. A l’ouest, au-delà du front qui regarde vers la France, le côté qui nécessite naturellement une meilleure défense, la Prusse érige un vaste camp retranché « verschanztes Lager » qui peut accueillir une armée de 200 000 hommes, qui avec Strasbourg et cinq grands forts en forme d’étoile « sternformige Forts » qui seront érigés sur les points suivants, en commençant par le nord : le Fort Reichstett, à environ 8 kilomètres au nord-est de la nouvelle enceinte, qui contrôle face à l’ouest la route vers Lauterbourg et vers l’est le chemin de fer vers Paris et ultérieurement deux lignes de chemin de fer projetées dont l’une relie la ville et les forts et l’autre qui relie les forts entre eux. Plus au sud à environ 3 kilomètres de ce premier Fort Reichstett où se trouve d’une part la route vers Wissembourg, et d’autre la grande ligne de voies ferrées vers Paris, le Fort Souffelweyersheim, à un kilomètre au sud-ouest le Fort Niederhausbergen près de la grande route de Strasbourg à Bouxwiller et enfin, les ouvrages d’Oberhausbergen et de Wolfisheim qui commandent la route allant à Saverne, Paris et le canal de la Bruche. Les emplacements de ces cinq forts ont été astucieusement choisis. Tous dominent le terrain dans la plaine de Strasbourg, qui est située à une hauteur de 150 mètres au-dessus du niveau de la mer. Le Fort Reichstett est à une hauteur de 150 mètres, celui de Souffelweyersheim a une hauteur identique, ceux de Niederhausbergen et d’Oberhausbergen respectivement à 191 et 173 mètres, et enfin celui de Wolfisheim à 160 m au-dessus du niveau de la mer. Le premier, situé au nord du camp retranché, s’appuie sur les marais de la Souffel, et le cinquième au sud, sur les bras confluents de l’Ill. Sur le Rhin, en passant par Kehl, il est toujours possible d’amener de l’aide de toute sorte en provenance d’Allemagne ».

 

Mercredi 3 juillet 1872

Allemagne, Strasbourg place forte : Construction des nouvelles fortifications de Strasbourg.

Un correspondant strasbourgeois de la Presse allemande de Francfort donne à ce journal des détails sur les nouvelles fortifications de Strasbourg ; ces renseignements sont reproduits par la Gazette de Strasbourg. Du côté de la France on construira un vaste camp retranché pouvant contenir 200 000 hommes et relié la ville par cinq forts ; le fort de Reichstett, à 8 kilomètres au nord de la nouvelle enceinte ; le fort de Souffelweyersheim ; le fort de Niederhausbergen ; celui de Oberhausbergen et celui de Wolfisheim. Le fort de Reichstett dominera la route de Lauterbourg et le chemin de fer de Paris ; celui de Souffelweyersheim dominera également cette dernière ligne ; celui de Niederhausbergen, la route de Bouxwiller ; les deux autres forts, la route de Saverne et le canal de la Bruche.

 

Lundi 22 juillet 1872

Allemagne, Strasbourg, place forte : Arasement des fortifications de Phalsbourg et transport des matériaux vers Strasbourg.

La presse locale publie : « Strasbourg, 22 juillet 1872. L’arasement de la place forte solide comme un roc de Phalsbourg est pour l’essentiel pratiquement achevé, bien qu’il faille compter encore quelques mois pour achever ce qui a été commencé. Ces travaux ont entraîné une pénurie d’eau dans la place, puisque la population de cette petite place enclavée était déjà obligée de chercher péniblement de l’eau à l’extérieur à cette période de l’année. Deux bataillons de « Braunschweiger » sont encore en garnison dans la ville. La population se montre très réticente à leur départ. On peut encore signaler qu’une importante partie des maçonneries des fortifications qui ont été arasées, ont été transportées vers le canal près de Lutzelbourg à l’aide d’une voie ferrée spéciale et chargée dans les péniches pour être transporté à Strasbourg, où elle sera employée pour la construction des nouveaux forts extérieurs. Les bâtiments de Phalsbourg endommagés lors du bombardement sont systématiquement remplacés par de nouvelles constructions ».