Chroniques 1894
Dernière mise à jour : 03 / 01 / 2023
Fortifications, ouvrages en cours de construction ou de modernisation
Empire allemand
Cette rubrique concerne les fortifications allemandes en cours de construction ou de modernisation, sur le territoire allemand, en tenant compte des frontières de l’année en cours.
Allemagne Front Ouest
Feste Kaiser Wilhelm II, groupe fortifié de Mutzig
Ouvrage en cours de construction :
Ost-Fort – Fort Est (1893-1895) ; fort triangulaire, batterie n°2 avec 4 obusiers de 150 sous coupole cuirassée (15 cm H.P.T. 93), premiers exemplaires installés en Allemagne ; 6 tourelles cuirassée à éclipse avec un canon de 6 cm P.T. ; 1 observatoire d’artillerie cuirassée tournant (P.B.T. 94).
Allemagne Front Sud
Place forte d’Ingolstadt.
Ouvrages en cours de construction :
Rive droite du Danube
Zwischenwerk Nr. 4 – Werk 224 (1894-1895 & 1904) à l’Est de Hepberg. Ouvrage intermédaire où seul un petit abri à l’épreuve des bombes et le glacis ont été érigé en 1894-1895 et en 1904 à l’occasion d’un exercice du génie, les remparts droit et gauche ont été aménagés. Cet ouvrage provisoire est resté dans un état non terminé. Son volume est très petit par rapport aux autres ouvrages. L’ouvrage a disparu hormis une ancienne borne.
Rive gauche du Danube
Zwischenwerk Nr. 5 – Werk 193 (23 mars 1891 – 22 mars 1894). Errigé au Nord de Großmehring. Ouvrage intermédiaire sous la forme d’une demi-redoute à fossé sec compètement différant des autres. Flanquement des fossés par deux coffres de constrescarpe relié à l’ouvrage par une poterne souterraine et une caponnière double à la gorge. L’ouvrage disposait de plus de casemates et d’une poterne sous traverse en capitale ; blockhaus de chemin couvert sur l’angle d’épaule droit. L’ouvrage a été détruit et quelques débris étaient encore visibles sur un terrain privé.
Autriche-Hongrie
Cette rubrique concerne les fortifications austro-hongroises en cours de construction ou de modernisation, conformément aux frontières de l’année en cours.
Frontières sud de l’empire austro-hongrois, frontière avec l’Italie
Remarque : après la modification du tracé des frontières après les premières et seconde guerre mondiale, ses fortifications sont désormais sur le territoire italien.
Sperrwerk Platzwiese (1889-1894), ouvrage de barrage situé dans le Tirol du Sud, à côté de Drei Zinnen, près du tracé de la ligne de front de 1915. Altitude : environ 2 000 m. Construit sur un plateau des Dolomites. Peu de routes permettaient l’accès au plateau. 1915-1918 : considéré comme une construction trop ancienne et trop exposée pour résister aux nouveaux projectiles de l’artillerie, l’ouvrage a été amplement bombardé au début de la guerre par l’artillerie lourde italienne, dont avec des projectiles de 30,5 cm qui firent d’importants dégâts. Compte tenu de l’atitude, l’ouvrage disposait d’un armement en artillerie assez léger : 2 mortiers de 15 cm sous coupole blindée « Panzermörser », 11 mitrailleuses et 2 canons de campagne mobiles de 9 cm.
France
Cette rubrique concerne les fortifications françaises en cours de construction ou de modernisation, conformément aux frontières de l’année en cours.
France Front Ouest Mer du Nord – Manche – Atlantique
Place forte de Cherbourg
Ouvrage en cours de construction :
Batterie de la digue de Querqueville (1890-1896), NO de Cherbourg. Tous les canons étaient sur affût à pivot central.
Batterie nouvelle des Couplets (1894-1895) 4 canons de 24 cm sur 2 plateformes.
Place forte de Le Havre
Ouvrage en cours de construction :
Batterie de Dollemard (1892-1894), 4 plateformes et 1magasin sous roc.
Fortifications de l’Île de Ré
Ouvrage en cours de modernisation :
Batterie de ou des Sablanceaux (1861) l’ouvrage est entouré d’une enceinte en terre levée, pointe E de l’île de Ré. 1845 : prévision de construction de la batterie. 1861 : achèvement du corps de garde modèle 1846 n°2. Armement initial : 6 canons et 6 obusiers. 1874 : construction d’un nouveau magasin à poudre devant le corps de garde. 1878-1880 environ : le corps de garde est écrêté et installation d’une position pour 4 canons de 27 cm. 1894 : la batterie est refondue ; construction d’un magasin bétonné, les 2 canons de 27 cm du N sont remplacés par 2 canons de 24 cm sur plateforme bétonnée avec magasins à munitions reliés aux pièces par rails. Etat : ouvrage à l’abandon, envahi par la végétation. Corps de garde en ruine, murs tagués, accès muré, menacé par l’urbanisation.
Place forte de Saint-Nazaire
Ouvrage en cours de construction :
Fort de l’Eve (1891-1895) protégeait l’estuaire de la Loire. Casemates en béton, armé et équipé de 4 canons de 240 mm et 4 canons de 95 mm, 1 projecteur de 150 cm.
France Front Nord-Est
Place forte de Lille
Ouvrages en cours de construction :
Ouvrage de Babylone (1891-1894)
Ouvrage de la Croix de Vallers (1891-1894) ouvrage intermédiaire pour une compagnie d’infanterie avec abris bétonnés. Actuellement ouvrage complètement remblayé.
Ouvrage d’Enchemont (1891-1894) ouvrage pour une compagnie d’infanterie.
Ouvrage de l’Entrepôt (1891-1894) ouvrage intermédiiare pour 1 compagnie. Situation actuelle : ouvrage détruit et disparu.
Ouvrage d’Houplin (1891-1894) ouvrage intermédiaire.
Ouvrage de la Jonchère (1891-1894) ouvrage intermédiaire.
Ouvrage de Lompret (1891-1894) ouvrage intermédiaire.
Ouvrage du Moulin Neuf (1891-1894).
Ouvrage de Noyelles (1891-1894), ouvrage intermédiaire pour une demi-compagnie, 1 cloche d’observation.
Place de Maubeuge
Ouvrages en cours de construction :
Batterie du Bourdiau (1894), 4 canons de 90 mm.
Batterie d’El Basse (1894).
Ouvrage de résistance de Ferrière-la-Petite (1894-1895) ouvrage intermédiaire d’infanterie. 1914 : à priori démoli à l’explosif par les troupes allemandes.
Ouvrage de Bersillies (1894-1895). A compter du 31 juillet 1914, Centre de résistance de Bersillies-La-Samagne qui englobe tous les ouvrages du même nom.
Ouvrage de Feignies (1894-1895) dès fois dénommé fort des Buots. Ouvrage intermédiaire d’infanterie disposant de : 1 observatoire cuirassé et 2 guérites observatoire. Etat recent : une décharge.
Ouvrage de Gréveau (1894-1895). 2001 : arrasé.
Ouvrage d’Héron-Fontaine (1894-1895) ouvrage intermédiaire d’infanterie.
Ouvrage de La Salmagne (1894-1895) ouvrage intermédiaire.
Place forte de Verdun
Ouvrages en cours de construction :
Abri caverne des Quatre Chemnées (1889-1894) N-NE de Verdun, E-NE de l’ouvrage de Froideterre. Point extrême de l’avence de l’offensive allemande de juillet 1916. Etat : Accès libre.
Batterie de la Carrière (1889-1894), 1ère batterie annexe gauche de la redoute de Belleville.
Place forte d’Epinal
Ouvrages en cours de construction :
Batterie de Lonchamps (1894-1895).
Poste optique du Roulon (1894) SO d’Epinal, centre de résistance d’Epinal, altitude 453 m. Comprend 2 postes optiques distincts relayant les communications entre le fort du Roulon et le fort du Bambois et vers le fort de Parmont.
Place forte de Belfort
Ouvrage en cours de construction :
Batteries de Bessoncourt (1890-1894).
France Front Sud-Est
Lyon place forte
Ouvrage en cours de construction :
Rive droite du Rhône :
Deuxième ceinture de forts détachés :
Magasin de Sathonay (1892-1894) au nord de Lyon, sur la rive droite du Rhône et la rive gauche de la Saône. Comprend trois galeries souterraines.
Place forte de Modane
Ouvrage en cours de construction :
Baraquement du Fréjus (1891-1895) comprend 7 baraques en maçonnerie et deux abris enterrés. Entretenues en partie jusqu’en 1930-1940.
Place forte de Bourg-Saint-Maurice
Ouvrage en cours de construction :
Blockhaus de la Platte (1892-1894) au SO de Bourg-Saint-Maurice, « Fort des deux milles », ouvrage de surveillance.
Place forte de Briançon
Ouvrages en cours de construction :
Baraquement du Granon (1885-1895), près du Col du Granon (2 404 m).
Position du Lenlon (1890-1900) position complémentaire du fort de l’Olive face aux principaux passages frontaliers.
Place forte de Tournoux
Ouvrage en cours de construction :
Tunnel du Parpaillon (1892-1900), NO de Tournoux. Ouvrage creusé sous le col de Parpaillon.
Place forte de Lanslebourg
Ouvrage en cours de construction :
Abri de la Beccia (1893-1894).
France Front Sud Corse
Fortifications de Bonifacio
Ouvrage en cours de construction :
Batterie n°2 de Bonifacio (1888-1895). Armement : 2 canons de 19 cm Mle 1878 sur affût G.P.C., à partir de 1894 4 pièces identiques. Batterie désarmée en 1928.
Pays-Bas
Cette rubrique concerne les fortifications néerlandaises en cours de construction ou de modernisation, conformément aux frontières de l’année en cours.
Ligne d’Utrecht « Waterlinie »
Secteur de Ouderkerk
Ouvrages en cours de construction :
Fort bij Nigtevecht (1894-1895). Construit sur l’emplacement d’un ouvrage en terre érigé en 1888-1890, renforcé en 1903-1904 par des casemates à l’épreuve des bombes. Commune De Runde Venen. Classé aux monuments historiques « Rijksmonument » et au patrimoine mondial de l’UNESCO.
Fort byj Uithoorn (1894) également dénommé Werken aan de Mijdrechtse Zuwe, Fort beoosten Uithoorn, Fort aan de Mijdrechtse Zuwe bezuiden Uithoorn, Fort op de Mijdrechtse Zuwe, langage populaire Fort De Zuwe, Fort Amstelhoek. Construit sur l’emplacement d’un ouvrage en terre érigé en 1885, renforcé en 1911-1912 par des casemates à l’épreuve des bombes. Commune De Runde Venen. Classé aux monuments historiques « Rijksmonument » et au patrimoine mondial de l’UNESCO.
Secteur de Sloten
Ouvrage en cours de construction :
Fort bij de Liebrug (1894-1895). Dénomé également Fort aan de Liebrug, Brinks’s-Gerlach, Fort Brink’s/ING. GTC. Haarlemmerliede, surnommé Fort Knox. Construit sur le site d’un ancien poste de la Ligne de la Hollande du Nord dénommé Posten van Krayenhoff en 1789, transformé en ouvrage en terre en 1886, et en ouvrage de défense en 1894-1895. Renforcé en 1899-1900 avec des casemates à l’épreuve des bombes. Classé aux Monuments historiques de la Province de Hollande du Nord « Provinciaal Monument Noord-Holland » et au patrimoine mondial de l’UNESCO.
Secteur de Zaandam
Ouvrages en cours de construction :
Fort aan Den Ham ou Fort Den Ham (1894-1898), modernisé 1900-1903.
Fort aan de St. Aagtendijk (1894-1895), dénommé également Fort Beverwijk, Fort aan de Sint Aagtendijk, Fort Aagtendijk, et pendant l’occupation allemande 1940-1944 Munitionslager Monika ou Munitionsverteilungstelle Monika. Renforcé en 1897-1899 par des casemates à l’épreuve des bombes. Commune de Bewerwijk. Classé aux Monuments historiques de la Province de Hollande du Nord « Provinciaal Monument Noord-Holland » et au patrimoine mondial de l’UNESCO.
Fort bij Spijkerboor (1894-1896), construit sur l’emplacement d’un ouvrage en terre de 1886-1887, renforcé en 1910-1913 par des casemates à l’épreuve des bombes et en 1911 installation d’une coupole d’artillerie jumelée Krupp pour 2 canons de 10,5 cm, unique exemplaire en Europe. Commune de Beemster. Classé aux Monuments historiques de la Province de Hollande du Nord « Provinciaal Monument Noord-Holland » et au patrimoine mondial de l’UNESCO.
Abandon, désarmement, déclassement, arasement des ouvrages
Belgique
15/01/1894 : Place forte d’Anvers : déclassement par arrêté royal du fort de Lillo, du fort de Liefkenshoek, et de la lunette de Deurne, dépendant de l’enceinet d’Anvers.
Expériences, innovations et progrès de la fortification et de l’artillerie de siège et de forteresse
Allemagne
1904 environ : Adoption du Beobachtungswagen 04, une voiture d’observation de l’artillerie.
1889 : Depuis 1889, l’artillerie à pied attelée comprend : les canons lourds de 12 cm (s. 12-cm-Kanone), l’obusier de 15 cm (15-cm-Haubitze) et le mortier de 21 cm (21-cm-Mörser).
Autriche-Hongrie
1894 : Expériences de tir contre des ballons captifs.
Chroniques 1894
1894 divers
Allemagne, fortifications : Le comité des ingénieurs propose d’installer des batteries d’intervalle avec obusiers de 15 cm.
En 1894, le comité des ingénieurs propose l’utilisation d’obusiers de 15 cm dans des batteries d’intervalle comprenant 2 à 6 tourelles cuirassées.
Allemagne, Mutzig-Molsheim : Baptême du fort de Mutzig.
Les nouvelles fortifications sur la colline de Mutzig-Molsheim sont baptisées « Feste Kaiser Wilhelm II » en 1894.
Allemagne, fortifications : Préparation des travaux sur les têtes de pont.
A côté des travaux de la colline de Molsheim on commença les travaux préparatoires pour l’installation des ouvrages des têtes de pont de Neuf-Brisach, Graudenz et Glocau et pour la protection de Breslau.
Autriche-Hongrie, artillerie : Expériences de tir contre les ballons captifs.
L’augmentation de la portée des armes, qui oblige souvent à entamer la lutte à des distances considérables, et l’adoption du principe de tir indirect ont conduit à la création d’observatoires élevés, transportables, d’où l’on peut découvrir les troupes, les batteries et les travaux de l’adversaire. De là l’introduction du ballon captif dans le matériel des armées de toutes les grandes puissances européennes.
En 1894, une série d’essais fut entreprise en Autriche : des tirs contre un ballon élevé de 400 m : au bout de 16 coups le ballon descendit lentement (atteint 10 fois) ; le même objectif : au bout de 20 coups, le ballon ne tombant pas, on le descendit avec les câbles (percé par 18 éclats) ; des tirs contre le même ballon réparé : au bout de 40 coups, l’aérostat touché gravement descendit rapidement ; des tirs contre un ballon à 3 750 m, hauteur 800 m, vent assez vif, l’aérostat oscillait beaucoup : au bout du 65e coup, il tomba avec rapidité.
Janvier 1894
Allemagne, marine : Adoption d’une couleur uniforme pour les navires.
La revue militaire de l’Etranger nous livre l’information suivante : A la suite d’expériences répétées, la marine allemande vient d’adopter une couleur uniforme, brun jaunâtre, pour tous les bâtiments de guerre. Il a, en effet, été reconnu que, sous la lumière particulière aux latitudes de la Baltique et de la mer du Nord, cette couleur était celle qui rendait le moins apparente une escadre en mouvement. En conséquence, il a été décidé que, non seulement la coque, mais encore le pont, les mâts de combat, les tourelles et même les bouches à feu seront désormais revêtues d’une couche de peinture de la couleur indiquée.
Allemagne, armée : Cours pratique pour les officiers de réserve et de landwehr.
La revue militaire de l’Etranger nous informe : Par analogie avec la disposition en vertu de laquelle les cours théoriques de l’école de Charlottenbourg ont été, depuis 1892, remplacés, pour les seconds lieutenants de l’artillerie de campagne, par un séjour de quatre mois à l’Ecole de tir d’artillerie de Jüterbog, les périodes d’instruction des officiers d’artillerie de campagne et d’artillerie à pied du Beurlaubtenstand s’accompliront désormais sous forme de cours pratique, à Jüterbog. Depuis deux ans déjà, un certain nombre de ces officiers avaient été convoqués à l’Ecole de tir au lieu d’être appelés dans les corps de troupe. Cette mesure qui, d’après la presse allemande, n’est qu’une application du principe posé par le général von Hindersin : Pour l’artillerie, la chose essentielle est de savoir tirer, va être généralisée. L’importance prépondérante attribuée à l’instruction pratique pour les officiers du cadre actif aussi bien que ceux du Beurlaubtenstand a motivé la récente augmentation des cadres des deux sections de l’école de Jüterbog, lesquelles comprennent actuellement : l’une, 2 groupes de 3 batteries montées pour l’artillerie de campagne, et l’autre, 1 bataillon de 3 compagnies ou batteries, pour l’artillerie à pied.
Allemagne, troupes de réserve : Uniforme des troupes de réserve, de Landwehr et de Landsturm.
La Revue militaire de l’Etranger nous livre cet article : Les prescriptions relatives aux uniformes et insignes distinctifs des troupes organisées au moment de la mobilisation comme formations de guerre viennent d’être publiées dans la 2e partie du Règlement sur l’habillement.
D’après ce règlement, l’insigne distinctif commun aux troupes de réserve, de Landwehr et de Landsturm, consiste en une croix dite : « croix de Landwehr » portée à la coiffure. Cette croix est de métal blanc pour la réserve et la Landwehr, et de métal jaune pour le Landsturm. En outre, pour les éléments ayant le casque ou le shako, les attributs qui ornent le devant de la coiffure se distinguent de ceux de la garde ou de la ligne en ce qu’ils ne présentent aucune devise et qu’ils portent, au centre, la croix de Landwehr.
La croix de Landwehr caractérise, non pas les hommes appartenant à la réserve, à la Landwehr ou au Landsturm, mais les formations de réserve, de Landwehr et de Landsturm constituées au moment de la mobilisation. C’est ainsi que les réservistes ou landwehriens incorporés dans les troupes actives ne portent pas cet insigne, tandis que les hommes du cadre actif versés dans les formations de réserve ou de Landwehr le reçoivent aussi bien que les hommes du Beurlaubtenstand.
Les suppléants-officiers portent l’épée et la dragonne d’officier et l’uniforme de la troupe, avec cette différence que la patte d’épaule (ou, pour les ulans, l’épaulette) est entourée d’un galon d’or ou d’argent et porte le numéro du corps en métal.
Enfin, les particularités concernant les différentes armes sont les suivantes :
Infanterie. Dans les régiments d’infanterie de réserve, l’équipement est uniformément noir. Les régiments de la garde se distinguent des régiments actifs correspondants en ce qu’ils ne portent pas de monogramme sur la patte d’épaule.
Les régiments de réserve des autres corps d’armée portent les mêmes pattes d’épaule et les mêmes numéros que les régiments actifs des corps d’armée auxquels ils appartiennent. Les mêmes dispositions s’appliquent aux bataillons de chasseurs.
Les régiments de Landwehr, numérotés comme ceux de réserve, se distinguent en ce qu’ils ont comme coiffure une casquette de toile cirée à visière, au lieu du casque. Cette casquette peut se porter sur ou sans le béret, auquel elle s’adapte à volonté. En outre, pour l’infanterie de la Landwehr, la tunique est remplacée par une vareuse dite litewka, à boutons de corne noire, dont les pattes d’épaule, en drap du fond, portent le numéro du régiment brodé en jaune.
Les bataillons d’infanterie de Landsturm ont uniformément la croix de Landwehr en métal jaune à la coiffure ; ils portent la casquette de toile cirée, comme les troupes de Landwehr. Quant à la litewka, le modèle spécial adopté pour le Landsturm permet de la porter par-dessus des effets civils. Le collet présente, sur le devant, des écussons de drap rouge ponceau sur lesquels est appliqué le numéro en métal. Ce numéro est celui de la brigade d’infanterie à laquelle appartient le bataillon.
Cavalerie. Les régiments de réserve de cavalerie portent le même uniforme que les régiments actifs chargés de les former. Toutefois, ils ne portent ni monogramme, ni numéro sur l’épaulette ou la patte d’épaule. En outre, la coiffure, quel qu’en soit le modèle, présente toujours la croix de Landwehr, en métal blanc sur le béret, le Kolbach ou le casque à garnitures jaunes, et en métal jaune sur le casque, lorsque le métal ou les garnitures de celui-ci sont blancs.
Il est de même pour les escadrons montés de Landwehr.
Artillerie de campagne, artillerie à pied et pionniers. Les troupes de réserve et de Landwehr de l’artillerie de campagne et des pionniers, les éléments de Landwehr formés par l’artillerie à pied conservent la tunique et le casque, et ne se distinguent des troupes actives que par la croix de Landwehr à la coiffure. Quant aux éléments du Landsturm de ces armes spéciales, ils ont la casquette de toile cirée et la litewka du modèle de l’infanterie ; au collet, les écussons noirs, passepoilés de rouge, portent le numéro, en métal, de la division qui forme ces unités.
Train. Le personnel des formations de guerre mobilisées par le bataillon du train de chaque corps d’armée (convois, boulangerie, ambulances, hôpitaux de campagne) porte l’uniforme du train. Celui des formations de réserve correspondantes se distingues, en outre, par la croix de Landwehr à la coiffure.
Quant aux hommes formant le personnel des trains régimentaires, (conducteurs dans les équipages de pont, équipages de siège, etc.), ils portent l’uniforme des corps de troupe auxquels ils sont affectés.
Suisse, explosif : Mise au point du nouvel explosif de Pictet.
La Revue militaire de l’Etranger nous livre cette information : Dans un de ses derniers numéros, le Journal de Genève donne les détails suivants sur un nouvel explosif, qui aurait été découvert par M. Raoul Pictet, le chimiste bien connu : La nouvelle du jour est une invention de notre savant concitoyen M. Raoul Pictet. Cette découverte, si elle réalise les espérances qu’elle éveille chez ceux qui sont au courant des expériences faites vendredi dernier à Thoune, pourrait bien devenir un véritable événement, non seulement pour le monde scientifique ou militaire, mais aussi pour le public, qu’elle mettrait à l’abri des terribles dangers de la dynamite.
M. Pictet a été amené, en appliquant les théories de Würtz et de M. Berthelot sur les phénomènes endothermiques et exothermiques, et en se servant surtout des brillantes expériences qu’il a faites lui-même sur les basses températures, à construire d’abord théoriquement, puis en réalité, un explosif nouveau, qui, à la pratique, s’est trouvé répondre à toutes les exigences.
Quelles sont les propriétés qu’on est en droit de réclamer d’un explosif utile et bon ? M. Pictet les caractérise de la manière suivante dans le rapport qu’il a adressé au Conseil fédéral :
1. L’explosif doit se fabriquer et se transporter sans aucun danger pour l’entourage.
2. L’explosif doit être de trois degrés, répondant aux trois usages actuels de ces substances :
a) Emploi dans les armes de guerre ;
b) Emploi dans les mines ;
c) Destruction des ponts, tunnels, viaducs, vaisseaux de guerre, etc., etc.
3. L’explosif doit faire explosion dans des conditions certaines, bien définies, et jamais accidentellement.
4. L’explosif de doit pas geler, ni répandre de vapeurs délétères après l’explosion. Sa conservation doit être facile, sa fabrication bon marché.
Il paraît que le nouvel explosif de M. Pictet possède toutes ces qualités, tout en ayant une force d’expansion supérieure à celle des explosifs connus. Sa grande supériorité sur la dynamite consiste :
1° En ce qu’il ne fait jamais explosion accidentellement, ni au choc, ni même à l’élévation de température peu importante.
2° Les matières qui sont employées pour sa fabrication ne présentent aucun danger ;
3° Le nouvel explosif se conserve beaucoup mieux que la dynamite et ne court pas le risque de se décomposer lui-même.
Enfin, il peut être gradué à volonté suivant les proportions ci-après lesquelles on mélange les matières qui sont employées à sa fabrication. On pourrait donc l’utiliser pour les trois usages mentionnées plus haut. D’après M. Pictet, il remplacera aussi bien la poudre que la dynamite.
Les officiers supérieurs et les experts qui avaient été désignés par le Conseil fédéral pour examiner le nouvel explosif ont été fort satisfaits du résultat des expériences faites par M. Pictet. L’explosif, à ses trois degrés, a donné les effets désirés ; Des expériences n’ont cependant pas encore été faites avec des armes de guerre. Elles le seront prochainement, M. Pictet ayant été chargé par le Conseil fédéral de lui envoyer un certain nombre de cartouches qui s’adaptent à notre fusil.
Lundi 15 janvier 1894
Belgique, Anvers, fortification : Déclassement des forts Lillo et Liefkenshoek.
La Revue militaire de l’Etranger nous livre cet article : « Par arrêté royal du 15 janvier, les forts Lillo et Liefkenshoek, ainsi que le fortin et la lunette de Deurne, dépendant de l’enceinte d’Anvers, ont été déclassés comme inutiles à la défense de la place ».
Samedi 27 janvier 1894
Allemagne, armée : Allégement du chargement du fantassin.
La Revue militaire de l’Etranger nous livre ces informations : La question de l’allégement du chargement du fantassin est toujours à l’ordre du jour en Allemagne. Déjà au mois d’août 1893, le bidon de verre avec l’enveloppe de cuir a été remplacé par un bidon avec gobelet en aluminium. Le 14 décembre 1893 une marmite individuelle en aluminium a été adoptée pour toutes les troupes à pied.
La presse allemande loue le Ministre de la guerre de ces mesures qui ont déjà allégé de 825 grammes le poids porté en campagne par le soldat ; certains journaux rappellent à ce sujet que le commandant d’un corps d’armée avait déclaré « impossible d’amener sur le champ de bataille avec son effectif complet une troupe d’infanterie chargée comme l’était, dans ces dernières années, le soldat allemand » (avant l’adoption du bidon et de la marmite d’aluminium, le poids total porté par le fantassin allemand s’élevait à 31,696 kg).
L’autorité militaire allemande est résolue à pousser plus loin les modifications à l’équipement dans cet ordre d’idées, ainsi que le prouve un nouvel ordre de cabinet du 27 janvier 1894, conçu en ces termes : « L’empereur considère comme insuffisant encore l’allègement apporté à la charge du fantassin en campagne et il invite les commandants de corps d’armée à lui présenter dans le plus bref délai des propositions tendant à réduire encore le chargement des hommes ».
Allemagne, armée : Le nouvel insigne de tir dans l’armée allemande
La Revuue militaire de l’Etranger nous informe : Au moment de la publication du règlement de tir du 9 septembre 1893, la question des insignes de tir était encore à l’étude. Un ordre de cabinet du 27 janvier 1894 remplace les doubles liserés qui, appliqués sur la manche, parallèlement au parement, distinguaient les meilleurs tireurs, par un cordon de laine formant aiguillette de tir. Ce cordon en tresse de laine mélangée de noir, blanc et rouge part de la patte d’épaule et rejoint la rangée de boutons du devant de la tunique ; pour la 4ème classe, il est terminé par un gland, pour la 3ème classe par deux glands. L’insigne de la 2ème classe est une tresse mêlée de fil d’argent ; celui de la 1ère classe porte en outre une médaille de métal à l’effigie de l’Empereur.
Février 1894
Allemagne, armée : Vélocipédie militaire.
La Revue militaire de l’Etranger nous livre cette information : « Le projet de budget de la guerre présente une demande de crédits pour l’acquisition de 1 081 bicyclettes destinées à constituer une dotation permanente de 2 machines par bataillon d’infanterie et de chasseurs et de 4 machines pour le bataillon d’instruction. Le prix d’achat de chaque bicyclette est évalué à 375 francs ».
Allemagne, armée : Crédits extraordinaires relatifs au chemins de fer prussiens.
La Revue militaire de l’Etranger nous livre cette information relative au budget allemand pour l’exercice 1894-1895 : Les crédits extraordinaires relatifs aux chemins de fer de l’Etat prussien figurant au budget 1894-1895 s’élèvent à 20 865 000 marks (26 081 250 francs). Ces mêmes crédits, pour l’exercice 1893-1894, n’avaient été que de 19834 750 marks (24 793 437 francs).
Allemagne, Alsace-Lorraine : Manœuvres d’hiver et expérimentation de raquettes à neige.
La revue militaire des armées étrangères nous livre ces informations : « Les chasseurs à pied de Schletstadt (Sélestat) et de Colmar étaient, pour la première fois, exercés à faire usage des « raquettes à neige » aussi bien pour la marche en terrain plat que pour la marche en montagne. Par groupes de 20 à 30 hommes, sous la conduite d’un officier, ils se dirigeaient fréquemment vers les hautes vallées et les cols des Vosges, aux jours où la couche de neige offrait la profondeur et la consistance désirable. Pour eux, toutefois, il s’agissait moins d’exercices tactiques que de dressage à un mode de locomotion depuis longtemps en usage dans les pays scandinaves, et expérimenté avec succès pendant l’hiver de 1892 par le bataillon de chasseurs d’Ortelsbourg et le bataillon d’infanterie de Goslar. Les manœuvres se bornèrent, pendant l’hiver 1893-94, aux exercices que nous venons d’énumérer et qui ont tous eu pour théâtre l’Alsace-Lorraine.
Allemagne, Alsace-Lorraine : Manœuvres d’hiver d’un détachement des garnisons du XVe corps d’armée.
Au mois de février 1894, le général commandant le XVe corps prescrivit de combiner les alertes à Strasbourg et Haguenau d’une part, à Sarrebourg, Saverne et Phalsbourg d’autre part, de manière à motiver une manœuvre à double action entre un parti supposé débouchant des Vosges pour menacer Strasbourg, et un parti représentant la défense des abords de la place. Les troupes mises en présence étaient formées d’éléments des trois armes et représentaient à peu près l’effectif de deux brigades.
Un engagement d’avant-garde dans les environs de Hochfelden marqua la première journée. Les deux partis établirent pour la nuit leurs avant-postes au bivouac. Le lendemain, l’action s’engagea entre Bilwisheim et Reitweiler. A la suite du combat, le resserrement des troupes rendant impossible leur installation complète au cantonnement, une bonne partie des éléments en présence dut faire usage de la tente-abri pour passer, sur le terrain, une nuit où la température descendit à 8° au-dessous de zéro.
Dans la matinée de la troisième journée, le parti de l’attaque poursuivant l’avantage acquis la veille continua son mouvement sur Vendenheim et Lampertheim.
Une canonnade entre les pièces du fort Podbielski et le détachement d’artillerie à pied avec attelages dont disposait l’attaque, puis un combat d’infanterie marquèrent la fin de ces manœuvres : les troupes reprirent ensuite, par voies ordinaires, le chemin de leurs garnisons.
Pendant cette même période, les régiments du XVIe corps fréquemment « alarmés » avaient à exécuter, par fractions isolées, des marches ou manœuvres commençant en général vers 6 heures du soir et terminés de manière que les troupes fussent rentrées avant minuit dans leurs casernements.
Lundi 5 février 1894
France, faits divers : Exécution d’un terroriste.
En France, le terroriste Vaillant condamné à mort le 10 janvier 1894, est exécuté.
Jeudi 8 février 1894
Allemagne, armée : Projets de manoeuvres impériales en automne 1894.
La Revue militaire de l’Etranger nous livre ces informations : Un ordre de cabinet du 8 février dernier règle ainsi qu’il suit les manœuvres d’automne pour 1894 : Le Ier e le XVIIe corps auront manœuvres impériales. L’Empereur passera en revue chacun de ces corps qui exécuteront d’abord séparément une manœuvre de corps d’armée contre un ennemi marqué. Les Ier et XVIIe corps opéreront ensuite l’un contre l’autre pendant trois jours ; ils seront pourvus chacun d’une section aérostatique.
Trois divisions de cavalerie seront constituées : au Ier, au XVIIe et XIVe corps ; elles exécuteront les exercices prévues par le règlement sur le service en campagne, puis les deux premières prendront part aux manœuvres impériales.
Pendant cette période, les Ier et XVIIe corps formeront leur cavalerie divisionnaire au moyen d’un régiment entier, qui est laissé à chacun d’eux et des cinquièmes escadrons restant disponibles.
La composition des trois divisions de cavalerie sera la suivante :
Division de cavalerie A (Ier corps).
Brigade A : 3e cuirassiers (1re brigade), 4e dragons (Ier corps).
Brigade B : 8e ulans (de la 2e brigade du Ier corps), 1er ulans de la 10e brigade (Ve corps).
Brigade C : 11e dragons et 12e ulans de la (37e brigade du Ier corps).
Artillerie : 2 batteries à cheval du 1er régiment, 1 détachement de pionniers du 18e bataillon (Ier corps).
Division de cavalerie B (XVIIe corps).
Brigade A : 5e cuirassiers, 4e ulans (35e brigade, XVIIe corps).
Brigade B : 1er hussards (de la 36e brigade du XVIIe corps).
Brigade C : 3e dragons, 12e dragons (4e brigade IIe corps).
Artillerie : 2 batteries à cheval du 35e régiment ; 1 détachement de pionniers dy 2e bataillon (XVIIe corps).
Division de cavalerie C (XIVe corps).
Brigade A : 20e dragons, 21e dragons (28e brigade XIVe corps).
Brigade B : 14e dragons, 22e dragons (29e brigade XIVe corps).
Brigade C : 19e ulans (26e brigade), 20e ulans (27e brigade (XIIIe corps).
Artillerie : 2 batteries à cheval du 15e régiment (XVe corps) et 1 détachement de pionniers du 14e bataillon (XIVe corps).
Le même ordre de cabinet prescrit :
1° Un voyage d’état-major dans la garde, les IIIe, IVe, Ve, VIe, VIIe, VIIIe, IXe, Xe, et XIe corps d’armée, et un voyage d’état-major de forteresse au XIVe corps ;
2° Deux grands voyages d’étude de cavalerie pour officiers généraux et officiers supérieurs de cavalerie et d’artillerie à cheval ;
3° Un voyage d’étude de cavalerie dans chacun des corps d’armée suivants : garde, IVe, VIIe, IXe, Xe, XIe, XVe et XVIIe corps ;
4e Des manœuvres spéciales de pionniers à Glatz, Verden, Mayence et Strasbourg.
L’Empereur se réserve de faire connaître ultérieurement ses instructions au sujet des manœuvres de siège prévues à Thorn.
Les troupes devront être de retour dans leurs garnisons avant le 29 septembre, date fixée comme limite pour la libération des hommes.
Mars 1894
France-Russie, politique : Signature d’un traité d’alliance.
En mars 1894, un traité d’alliance défensive est signé entre la France et la Russie. Cet accord complète les accords de 1891 et la convention de 1892.
Dimanche 18 mars 1894
Allemagne, armée : Le budget allemand pour l’exercice 1894-1895.
La Revue militaire de l’Etranger a publié cet article : Les crédits alloués au département de la guerre pour l’exercice 1894-1895, par la loi de finances du 18 mars 1894, s’élèvent aux chiffres ci-après : Au budget ordinaire : 600 027 581,25 francs. Au budget extraordinaire : 163 826 706, 25 francs, dont 47 916 175 francs comme dépenses sur ressources ordinaires, et 115 910 531,25 francs comme dépenses imputables sur ressources spéciales. Soit au total : 763 854 287,50 francs.
En comparant ces chiffres à ceux de l’exercice précédent (Voir la Revue militaire de l’Etranger, 1er semestre 1893, n°786), on constate, au budget ordinaire, une augmentation de 64 987 541,25 francs, et cependant, au budget extraordinaire, une diminution de 24 103 550,25 francs.
A. Budget ordinaire. Les prévisions au budget ordinaire sont en concordance à peu près complète avec celles établies et publiées à l’appui du projet de loi militaire voté le Reichstag (Les prévisions insérées dans le texte du projet de loi militaire comportaient une augmentation de 68 000 000 de francs environ au titre du budget ordinaire : la comparaison du budget de 1893-1894 avec le budget de 1894-1895 accuse une augmentation de 65 000 000 de francs) le 15 juillet 1893. …..
Corps des ingénieurs et des pionniers (chapitre 23).
Le chapitre concernant le génie présente une augmentation de dépenses de 379 000 francs, non seulement par suite de la création de trois nouveaux bataillons et de deux compagnies, mais aussi en raison des allocations attribuées dans une large mesure aux manœuvres spéciales de pionniers, manœuvres auxquelles correspond un crédit spécial de 629 053 francs pour le prochain exercice.
Solde des troupes. Le chapitre 24 …
Subsistances. Le chapitre 25 relatif aux subsistances présente de son côté, une augmentation de 21 534 380 francs à laquelle contribue l’élévation du prix des fourrages.
Les prix des denrées sont évalués ainsi qu’il suit :
Froment : 21,076 francs les 100 kg.
Seigle : 18,09 francs les 100 kg.
Avoine : 19,74 francs les 100 kg.
Foin : 9,36 francs les 100 kg.
Paille : 6,96 francs les 100 kg.
Et le prix du pain de troue s’élève actuellement à 0,1673 francs la ration de 750 grammes. Les autres sources d’accroissement de dépenses proviennent en partie de la cherté des approvisionnements (d’où une augmentation de 5 966 165 francs) et de l’augmentation de 5 966 165 francs) et de l’augmentation devenue nécessaire de l’indemnité de vivres (2 375 592 francs).
Au moment de l’examen de ce chapitre par la commission du budget (le 15 février dernier) le ministre de la guerre a fait une déclaration qui semble accuser une tendance à recourir, dans une très large mesure, pendant les manœuvres, à la nourriture chez l’habitant.
Un député faisant observer que le procédé d’alimentation par les convois et les magasins administratifs est très onéreux, le général Bronsart de Schellendorff a déclaré que, cette année, à titre d’essai, trois corps d’armée doivent employer le procédé de la nourriture chez l’habitant, lequel est, en réalité, le plus approprié aux circonstances en temps de guerre. Le ministre n’a toutefois pas laisser ignorer à la commission qu’il pourrait en résulter un dépassement de crédits en raison des indemnités qu’il faudra distribuer à la population.
Habillement. (Chapitre 26).
Dans un accroissement de dépenses de 5 487 576 francs au titre de l’habillement et équipement figure celle qui résulte de l’établissement d’une prime nouvelle de 3,75 francs pour les hommes du Beurlaubtenstand apportant des chaussures leur appartenant et en faisant usage pendant les périodes d’exercices.
Le reste de l’augmentation provient des dépenses occasionnées par l’accroissement des effectifs ; ces dépenses se répartissent dès lors sur les achats de draps qui sont distribués en nature au corps de troupe, ainsi que sur les deux catégories d’allocations faites à ces corps de troupe sous forme d’abonnement, pour les dépenses de l’habillement d’une part, pour celles de l’équipement d’autre part.
Administration de garnison (chapitre 27).
L’entretien des grands terrains de manœuvres, dont l’autorité militaire poursuit depuis trois ans l’installation sur divers points de l’Empire, contribue à une augmentation de dépenses qui se chiffre, cette année, par 5 940 440 francs.
Les crédits alloués sur le chapitre 27 sont d’ailleurs susceptibles d’être consacrés l’acquisition de parcelles de terrain pour étendre ou régulariser le périmètre des divers emplacements d’exercices ; les achats effectués dans ces conditions ne doivent pas dépasser un maximum de 37 500 francs chacun. En même temps, les dépenses pour combustible, paille de couchage, indemnités aux propriétaires à l’occasion des manœuvres, sont augmentées de 342 773 francs. …
Artillerie et armement (chapitre 37 et 38).
Comme les années précédentes, le chapitre intitulé : Artillerie et armement prend une large part dans les dépenses du budget ordinaire de la guerre ; ces dépenses, en augmentation de 3 353 000 francs sur l’exercice précédent, atteignent cette année : 44 243 423 francs, dont 3 449 046 francs pour le personnel (Le personnel dont il est question au chapitre 37 ne comprend que celui des dépôts d’artillerie, des arsenaux, des fabriques d’armes, de l’Ecole de pyrotechnie et de la commission d’expériences), et 40 794 377 francs pour le matériel.
Page 443 ……
B. Budget extraordinaire
a) Dépenses imputables sur ressources ordinaires
La première partie du budget extraordinaire ne fait que refléter, pour ainsi dire, les innovations ou accroissements que nous venons de voir affecter les divers chapitres du budget ordinaire.
C’est ainsi que l’adoption, à la suite d’essais poursuivis depuis cinq ans, de la vélocipédie en Allemagne occasionne une dépense nouvelle de 181 069 francs pour constituer un approvisionnement, à raison de 2 bicyclettes par bataillon d’infanterie ou de chasseurs et 4 pour le bataillon d’instruction. …
Page 446 ……
b) Dépenses sur ressources spéciales
Un certain nombre de programmes de dépenses présentent, pour l’exercice 1894-1895, leurs dernières annuités, révélant ainsi la pleine exécution des prévisions ; telles sont :
Le complément de la dépense de 7 750 000 francs pour le matériel de chemins de fer à voie de 0,60 m ;
La dernière annuité destinée à compléter la dotation des troupes en tentes-abris ;
La dernière partie d’un programme de 6 250 000 francs pour construction de fortifications.
D’autres dépenses déjà engagées dans les exercices antérieurs suivent le cours prévu, telles sont :
L’achat d’effets d’habillement et d’équipement pour les troupes de réserve, de Landwehr et les nouvelles formations de guerre. Le budget pour 1894-1895 prévoit de ce chef une dépense de 12 606 315 francs, en laissant à dépenser, dans les exercices ultérieurs, 16 451 084 francs ;
L’armement de nouvelles fortifications et de celles du littoral, ainsi que l’amélioration des anciennes ; le programme total comporte 32 860 000 francs, et le crédit demandé pour 1884-1895 s’élève à 12 630 000 francs.
Enfin, nous retrouvons, à la 2e partie du budget extraordinaire pour 1894-1895, une troisième annuité de 14 152 792 francs, faisant partie d’un programme de : 160 000 000 francs, voté en 1892 et indiqué sous la simple rubrique suivante : Services de l’artillerie, dépenses pour le service de l’artillerie.
Cette annuité porte à 155 millions de francs les sommes déjà versées ; le texte du budget ne fournit d’ailleurs aucune indication sur leur affectation, ni sur la quotité des dépenses effectuées.
En terminant cet exposé, il convient de faire observer que si les dépenses pour l’exercice 1894-1895, sont votées et dument autorisée par la loi de finances du 18 mars dernier, les ressources du budget ne sont pas encore créées pour faire face aux augmentations de charges dont la nouvelle loi militaire a obéré l’Empire.
Les projets d’impôts sur le vin, sur la bière et sur le tabac ont été successivement repoussés par le Reichstag, dans la dernière session, dont la durée a été abrégée par un décret de clôture en date du 19 avril.
En donnant communication de ce message, le chancelier de l’Empire a déclaré nettement que « les projets d’impôts remis dès maintenant à l’étude seront de nouveau présentés au Reichstag aussitôt après l’ouverture de la prochaine session, le gouvernement étant absolument résolu à poursuivre le plan d’après lequel les ressources financières doivent être levées à la hauteur des besoins.
Mai 1894
Belgique, fortifications : Organisation du commandement des places fortes de Liège et de Namur.
La Revue militaire de l’Etranger nous livre cet article : Un arrêté royal récent vient de compléter l’organisation du commandement des places fortes de Liège et de Namur. Des gouverneurs militaires sont nommés dès le temps de paix. Les officiers généraux pourvus de cet emploi seront chargés de prendre toutes les mesures nécessaires pour hâter la mise en état de défense : ils exerceront en même temps le commandement supérieur de la place et celui de la province. Les gouverneurs militaires correspondront directement avec le ministre de la guerre, pour tout ce qui concerne les comités d’études relatives aux places dont ils auront le commandement, et seront directement sous les ordres du commandant de la circonscription militaire pour toutes les autres parties de leur service.
Allemagne, Bavière, chemins de fer : Wagons-hôpitaux bavarois.
La Revue militaire de l’Etranger a publié cet article : L’administration bavaroise vient de mettre en service, sur les lignes de son réseau, un nouveau modèle de wagon-hôpital permettant, en cas d’accident, de transporter rapidement, sur le point où il s’est produit, les médecins et le matériel nécessaires pour les premiers soins à donner aux blessés. Ces wagons, qui peuvent recevoir dix blessés, feront, en temps de guerre, partie des trains sanitaires.
Allemagne, Alsace-Lorraine : Constructions de lignes ferrées en 1893.
La Revue militaire de l’Etranger nous livre cet article : Le réseau ferré allemand s’est augmenté, en 1893, de plus de 650 kilomètres de voie. En 1892, cette augmentation avait été de 800 kilomètres environ et en 1891, de 500 km seulement. Les 650 kilomètres de voies, livrés à l’exploitation pendant le dernier exercice, se répartissent, ainsi qu’il suit, entre les différentes administrations de chemins de fer de l’Empire :
1° ….
7° Section Mertzwiller – Walburg – Seltz (direction des chemins de fer d’Alsace-Lorraine) : 34,81 km.
Section Munster – Metzeral (direction des chemins de fer d’Alsace-Lorraine) : 5,62 km.
Total : 40,43 km.
… etc.
Samedi 26 mai 1894
Allemagne, armée : Modifications au chargement du fantassin.
Cet article a été publié par la Revue militaire de l’Etranger : Les informations de la presse allemande, relatives aux modifications apportées au chargement du fantassin (Voir la Revue militaire de l’Etranger, 1er semestre 1894, n°793 rt 796), viennent d’être complétées par les détails suivants, empruntés à l’Allgemeine Militär-Zeitung, du 26 mai dernier.
D’après cette feuille militaire, les mesures adoptées se divisent en plusieurs catégories.
1. Modifications définitives.
Le pantalon de treillis cesse de faire partie de la tenue de campagne. Cette suppression réduit le chargement de 730 grammes.
Les gants seront laissés dans les lieux de garnison depuis le mois d’avril jusqu’en septembre. L’allégement résultant de cette mesure sera de 135 grammes.
Les manteaux sont raccourcis et n’ont plus de doublure au dos ni dans les manches. Economie : 650 grammes.
Les ustensiles de propreté pesaient jusqu’à présent 550 grammes ; leur poids n’est plus que de 350 grammes.
Les vivres de réserve sont réduits à deux jours, au lieu de trois. Cette modification diminue le chargement de 400 grammes.
L’adoption d’ustensiles de campement et d’un bidon en aluminium procure un allégement de 420 grammes.
L’ensemble de ces mesures donne une économie de poids de 2,535 kg.
2. Modifications mises en essai.
Des ordres ministériels prescrivent une nouvelle diminution de 2 kg par la mise en essais des modifications suivantes :
Le poids du havresac, des cartouchières et du ceinturon doit être réduit de 1,240 kg ; celui du casque, de 200 grammes.
Les deux chemises de toile sont remplacées par des chemises en tricot de coton pesant 200 grammes de moins.
Ces mesures, combinées avec les modifications définitivement adoptée, procurent une diminution de 4,505 kg.
En outre, dans chaque compagnie, les outils portatifs sont réduits de 100 à 50. Le fantassin ne portera plus que 120 cartouches au lieu de 150. Ces deux réformes, combinées avec l’adoption d’une nouvelle baïonnette plus légère, suppriment un poids de 1,385 kg.
L’économie totale atteint donc, conformément aux promesses du ministre de la guerre, une réduction d’environ 7 kg.
Suivant le résultat des expériences en cours, on procédera ultérieurement à des modifications de l’habillement et de l’équipement.
Dès à présent, il est admis que le nouveau casque doit être plus petit que l’ancien modèle et en cuir plus léger. Les garnitures seront en aluminium. Quatre ventouses doivent être pratiquées des deux côté, à l’arrière et au-dessous de l’aigle.
La tunique sera munie d’un col souple pouvant être, à volonté, rabattu ou relevé et agrafé. La largeur de ce col dépassera de 4 centimètres celle de l’ancien modèle. Au tir, pendant les exercices de gymnastique et toutes les fois que le soldat portera le havresac, l’agrafe supérieure devra rester dégrafée.
La cravate n’est pas supprimée, mais simplement modifiée. Elle est de serge noir et a, comme par le passé, une largeur de 5 cm. La partie inférieure du devant est arrondie, et prolongée par une patte de 12 centimètres de large sur 7 de long. Cette cravate est munie de trois boutonnières destinées à être engagées dans les boutons du col de la chemise.
La nouvelle chemise en tricot de coton est de couleur grise ; elle se fabrique à Furth, en Bavière.
Les caleçons, faits en toile, peuvent servir de pantalon de treillis. En campagne, et entre les mois d’avril et de septembre, le soldat n’emportera qu’un seul caleçon plus chaud et gardera un caleçon de rechange dans le havresac.
Juin 1894
Autriche-Hongrie, artillerie : Nouvelle poudre sans fumée pour bouches à feu de campagne.
Cet article a été tiré de la Revue militaire de l’Etranger : L’artillerie de campagne autrichienne ne possédait pas encore de poudre sans fumée. On n’avait pas pu trouver jusqu’ici un composé qui fût suffisamment inoffensif pour les pièces en bronze-acier. Le problème est difficile à résoudre et on en était venu à se demander s’il ne faut pas consentir à un lourd sacrifice et construire un nouveau matériel en acier. Les études furent même commencées dans ce sens et en 1892 une députation du Comité militaire technique fut envoyé à Essen pour se renseigner auprès de Krupp. Mais, depuis, la solution cherchée a été trouvée, grâce aux efforts persévérants de la fabrique de poudre Nobel à Presbourg. Tous les produits essayés jusqu’ici avaient une température de combustion à laquelle le bronze-acier ne pouvait résister. Sous l’influence de cette température, la surface intérieure de l’âme se dégradait rapidement. La nouvelle poudre ne présente pas cet inconvénient. D’après l’Armee Blatt, à qui nous empruntons ces détails, cette poudre se présente sous la forme de grains de 3 à 5 millimètres de longueur sur 2 millimètres d’épaisseur. Une charge de 440 grammes donne aux projectiles de campagne la même vitesse initiale que 1,5 kg de poudre noire, avec une pression de 1 250 atmosphères au lieu de 1 500. Les effets d’érosions sur le bronze-acier sont les mêmes que ceux de la poudre noire.
Allemagne, armée : Effets militaires délivrés aux hommes libérés.
Article tiré de la Revue militaire de l’Etranger : Jusqu’ici, le droit à une tenue militaire n’était acquis aux hommes libérés, c’est-à-dire dans la troisième année de présence sous les drapeaux. Les hommes renvoyés par anticipation (Dispositions Urlauber) n’y avaient droit dans aucun cas.
D’après ce principe, les hommes des troupes à pied, astreints maintenant à deux ans de services seulement, n’auraient pas droit à des effets militaires au moment où ils quittent le corps.
Une décision ministérielle vient de déterminer les conditions dans lesquelles, sous le régime de la loi militaire de 1893, les hommes libérés recevront des effets d’uniforme :
1° Tout homme quittant les drapeaux sans avoir des effets civils ou l’argent nécessaire pour s’en procurer de suite, reçoit une « tenue de libération » Entlassungs Anzug) en toute propriété, quelle qu’ait été la durée du service actif ;
2° Les hommes non dépourvus d’argent, mais auxquels il n’a pas été possible de se procurer d’effets civils pour le jour du départ, reçoivent, à titre de prêt, une tenue qu’ils doivent renvoyer au cors dès leur arrivée dans leur foyer ;
3° Seuls ne conservent aucun effet militaire les hommes qui sont en possession de vêtements civils et qui, comme l’expérience le prouve, n’auraient rien de plus pressé, le jour du départ, que de vendre à des marchands d’habits, les effets d’uniforme qui leur seraient laissés.
Les motifs de la mesure restrictive qui vise les individus de cette dernière catégorie ont fait l’objet d’un communiqué du Reichsanzeiger (Journal officiel de l’Empire). Ces motifs peuvent se résumer ainsi qu’il suit : Depuis l’adoption du service de deux ans, la mesure en question était devenue indispensable, même au point de vue purement administratif. En effet, les corps de troupe n’ont droit qu’au bout de deux ans et demi à une tunique neuve par homme, ce qui représente, pour une compagnie de 152 hommes, une allocation annuelle de 60 tuniques. Or, cette compagnie libère, à partir de maintenant, 75 hommes par an ; elle aurait donc eu à subir une déficit annuel de 15 tuniques, si la décision ministérielle en question n’avait réduit le nombre des hommes auxquels les corps ont à fournir des effets au moment de leur libération.
Dimanche 24 juin 1894
France, faits divers : Assassinat du Président de la République.
Le Président de la République Carnot est assassiné à coups de couteau à Lyon. Le meurtier, un jeune italien, déclare avoir voulu venger Vaillant.
Mercredi 27 juin 1894
France, politique : Election d’un nouveau président de la République.
Pour remplacer le président Carnot assassiné, l’Assemblé nationale élit Casimir-Périer, un républicain conservateur.
Samedi 30 juin 1894
Allemagne, armée : Règlementation du droit de réclamation conféré aux sous-officiers et aux soldats.
La Revue militaire de l’étranger a publié cet article : L’Armee-Verordnungsblatt (Bulletin militaire officiel) publie la décision impériale suivante, réglementant le droit de réclamation des soldats en cas de griefs contre leurs supérieurs : Tout militaire se croyant victime d’un mauvais traitement, de retenues illicites sur sa solde ou de tout autre procédé arbitraire de la part d’un supérieur ou d’un camarade, a le droit de formuler une réclamation.
La réclamation doit être adressée directement et verbalement au commandant de la compagnie, de l’escadron ou de la batterie. Les plaintes contre le capitaine sont remises à l’officier de la compagnie immédiatement inférieur en grade à ce dernier (Nächstältester Offizier der Compagnie). Aucune réclamation ne doit être présentée pendant le service ni dans le reste de la même journée ; elle ne peut être accueilli qu’à partir du lendemain. La réclamation contre une punition ne peut avoir lieu qu’après l’expiration de la peine. Toute réclamation doit être faite dans un délai de cinq jours. Les réclamations collectives sont interdites ; néanmoins, les hommes ont le droit de réclamer individuellement contre une mesure blessant les intérêts collectifs.
Quiconque présente une réclamation futile ou sans fondement doit être sévèrement puni. Est également punissable tout militaire adressant une réclamation par une voie ou dans un délai non règlementaire.
Le soldat à le droit d’en appeler de la solution donnée à sa réclamation en s’adressant, dans un délai de cinq jours, au supérieur immédiat du commandant de sa compagnie. La réclamation peut être portée, d’échelon en échelon, jusque devant l’Empereur. Les délais, pour ces réclamations ultérieures, commencent du lendemain du jour où le réclamant a reçu connaissance de la décision prise à son égard. L’officier visé par la réclamation d’un soldat a également le droit de porter plainte.
Les hommes du Beurlaubtenstand non convoqués sous les drapeaux peuvent présenter, au commandant du district de landwehr, des réclamations d’ordre militaire. Une plainte formulée contre le commandant du district doit être adressée à l’officier du district ou de contrôle et, en cas d’absence de ce dernier, au lieutenant de l’armée active, adjudant de district. Toutes les prescriptions de la présente ordonnance sont également applicables aux hommes du Beurlaubtenstand.
Cette décision impériale, qui abroge l’ancienne instruction du 6 mars 1873, s’inspire de principes en opposition directe avec les règles précédemment admises. Sa rédaction présente le grand avantage d’être simple et compréhensible aux sous-officiers ainsi qu’aux hommes de troupe ; de bien définir l’objet des réclamations et de clairement trouver la voie à suivre pour obtenir justice d’un traitement arbitraire (Gazette de Cologne du 30 juin 1894).
La principale innovation consiste dans le droit reconnu au soldat de ne plus faire suivre, à l’exposé de ses griefs, la voie hiérarchique des gradés de sa compagnie, et de pouvoir s’adresser directement à son capitaine. Le soldat trouvera désormais, dans cette mesure, l’assurance que sa réclamation ne pourra être arrêtée par les sous-officiers, et qu’elle recevra toujours, désormais, une suite.
En outre, chaque soldat a maintenant la faculté de réclamer non seulement contre son supérieur, mais aussi contre son camarade. L’homme de recrue se trouve ainsi soustrait, dès son arrivée au régiment, aux brimades des anciens soldats, dont il était trop souvent victime.
« En prescrivant la mise en pratique de ces deux principes, conclut une feuille allemande (Berliner Tageblatt du 30 juin 1894), l’Empereur vient d’accomplir un acte qui marquera dans l’histoire des institutions militaires. La pensée qui inspire cette décision est grande et généreuse ; puisse l’application en être faite dans le même esprit ! »
Juillet 1894
Allemagne, armée : Programme des manœuvres d’automne de 1894.
Cet article a été tiré de la Revue militaire de l’Etranger : Le programme des manœuvres impériales prévues pour les Ier et XVIIe corps est réglé ainsi qu’il suit :
Ier corps. 5 septembre, grande parade à Königsberg ; 6 septembre, manœuvre de corps d’armée près de Königsberg ; 7 et 8 septembre, marches dans la région Elbing – Braunsberg.
XVIIe corps. 7 septembre, grande parade à Elbing ; 8 septembre, manœuvre de corps d’armée aux environs d’Elbing.
Le dimanche 9 septembre sera jour de repos, puis les trois journées des 10, 11 et 12 septembre seront consacrés aux opérations des deux corps d’armée l’un contre l’autre, dans la région Stuhm, Marienbourg, Elbing, Pr. Holland et Mohrungen.
Pendant la durée des manœuvres, les quatrièmes demi-bataillons seront portés de deux à quatre compagnies. Les hommes de l’armée active comptant à ces demi-bataillons et un nombre déterminé d’hommes du Beurlaubtenstand rappelés à cet effet seront répartis entre ces quatre bataillons à l’effectif complet.
A un autre point de vue, les régions boisées, choisies cette année comme théâtre des manœuvres impériales, se prêtent tout particulièrement à l’étude de la physionomie nouvelle des combats de bois. Depuis que le feu de la mousqueterie ne produit que peu de bruit et peu ou point de fumée, les moyens d’information dont disposent des éléments engagés sous-bois doivent être nécessairement tout autres que dans le passé : il y a là une question sur laquelle l’autorité militaire porte son attention et qu’elle compte résoudre au moyen d’expériences multipliées.
Une autre expérience à laquelle les manœuvres donneront lieu, concerne le renforcement des lignes de tranchées-abris de l’infanterie au moyen de tourelles cuirassées. Ces tourelles sont transportées sur des voitures à deux roues qui peuvent, au besoin, être traînées par des hommes d’infanterie sans nécessiter des attelages de chevaux pour leur mise en place et leur déplacement sur le champ de bataille. Elles ont l’apparence de tonneaux coupés en deux et sont enduites d’une couleur qui se confond avec celle du terrain ; leurs parois, en acier, sont à l’épreuve de la balle et de l’éclat d’obus : elles ne peuvent être traversées que par le tir à obus de plein fouet. Chaque tourelle porte un canon à tir rapide de 37 millimètres ou de 53 mm, servi par deux hommes, et susceptible de pivoter sur son affût en décrivant le cercle complet de 360°.
La rapidité du tir est évaluée à 30 ou 40 coups par minute ; la portée, à 3 400 mètres pour le canon de 37 millimètres, et à 5 600 mètres pour le canon de 53 mm. Ces pièces tirent le shrapnel et sont approvisionnées chacune à 160 coups portés dans la tourelle elle-même.
En ce qui concerne la cavalerie, les manœuvres à double action des deux divisions doivent donner lieu à une série d’expériences sur le service d’exploration et de sûreté et sur les opérations de nuit. L’Empereur prendrait lui-même, suivant les opérations de la presse allemande, la direction de ces manœuvres en commandant l’une après l’autre ces deux divisions.
Dans le domaine des applications scientifiques, on signale la constitution de sections téléphoniques pour la durée des manœuvres ; si cet essai donne des résultats satisfaisants, un service téléphonique militaire sera organisé régulièrement dès le temps de paix dans l’armée allemande.
En outre, un nouveau matériel d’éclairage électrique par projections doit être expérimenté aussi bien pendant les manœuvres impériales de Prusse Orientale que pendant les opérations de siège à Thorn. Ce matériel se compose d’une locomobile munie d’une machine dynamo-électrique et un projecteur. Le faisceau lumineux est recueilli sur un réflecteur placé à distance et relié à l’appareil par deux câbles, de manière à projeter la lumière par réflexion et à tromper l’ennemi sur l’emplacement précis du projecteur.
Enfin les services administratifs seront, pendant les manœuvres, l’objet d’expériences particulièrement étendues : les services de l’intendance seront constitués et fonctionnent comme en campagne ; un système nouveau de cuisines de marche (Marschküchen) sera mis en essais dans le but d’apporter à la préparation et à la distribution des repas aux troupes une accélération et un perfectionnement notables. On sait d’ailleurs que le général Bronsart von Schellendorff a prescrit que trois corps d’armée useront exclusivement pendant les manœuvres du mode d’alimentation appelé « Quartierverpflegung » (nourriture par l’habitant), dans le but d’établir par des faits d’expérience les avantages et les inconvénients des deux procédés qui consistent soit à vivre sur le pays, soit à vivre sur les convois.
Mardi 31 juillet 1894
Grande-Bretagne, Baldwyn’s Park dans le Kent : Hiram Maxim essaye un aéronef propulsé à vapeur.
Le 31 juillet 1894, dans sa propriété de Baldwyn’s Park dans le Kent en Grande-Bretagne, sir Hiram Maxim a procédé à des essais captifs sur un engin plus lourd que l’air, propulsé à la vapeur. C’est un véritable géant des airs que l’inventeur de la mitrailleuse à construit. D’une envergure de 31 m, la machine d’Hiram Maxim, comporte une surface octogonale, prolongée par des ailes latérales. Une chaudière alimente deux machines Compound de 180 ch qui actionnent deux grandes hélices de 5,45 m de diamètre. L’appareil pèse au total près de 3 500 kg. Après plusieurs tentatives infructueuses, l’aéroplane, installé sur une double foie ferrée de 550 m de long, la première pour le guider, la seconde pour l’empêcher de décoller, a effectué un bref saut de 60 cm avant de se briser dans ses rails.
Vendredi 3 août 1894
Allemagne, fortifications : Ordre du cabinet impérial relatif aux fortifications du Rhin Supérieur. L’ordonnance impériale « A.K.O. » du 3 août 1894 limite les fortifications du Rhin supérieur, à côté du service de garde du fleuve « Strombewachungsdienst » et de la mise en place des ponts flottants, à la protection des points de passage de Huningue et de Neuenburg. Néanmoins, les fortifications des têtes de ponts devaient être assurées par des préparatifs du temps de paix. D’autres fortifications sur le Rhin supérieur ne seraient réalisées que lorsque la situation financière le permettra. Des reconnaissances doivent être réalisées dans le cadre des travaux d’élaboration des projets de fortification.
Septembre 1894
Allemagne, armée : Nombre d’hommes incorporés en 1893.
Article tiré de la Revue militaire de l’Etranger : L’armée allemande (troupes de terre et de mer) a incorporé 268 176 recrues en 1893. Dans ce chiffre, l’armée de terre est représentée par 262 323 hommes, y compris les engagés volontaires. Ce nombre constitue une augmentation de 67 650 recrues par rapport à l’année 1892, où 194 973 soldats seulement avaient été appelés sous les drapeaux.
Cette augmentation dépasse de 11 113 hommes les chiffres prévus par la loi militaire du 3 août 1893. En effet, le nombre des recrues a été fixé par cette loi à 228 500 hommes, auxquels devaient s’ajouter 9 000 volontaires d’un an et les soldats du Nachersatz. Le total des militaires fournis par cette dernière catégorie devait être de 6 %, soit 13 710 hommes.
Les incorporations auraient donc dû s’élever à 251 210 hommes et non au chiffre de 262 323.
Le Moniteur officiel de l’Empire (Numéro du 28 août 1894) justifie de la façon suivante l’incorporation, en 1893, d’un excédent de 11 113 recrues :
1° Le nombre des engagés conditionnels a été sensiblement plus élevé, en 1893, que celui de la moyenne des années précédentes ;
2° Les instituteurs primaires, astreints à une période de dix semaines, ne sauraient compter parmi les recrues proprement dites et doivent être incorporés en surnombre ;
3° L’accroissement des effectifs de paix correspond une augmentation du nombre de sous-officiers rengagés. L’économie provenant des nouveaux emplois créés, mais encore pourvus de titulaires, a permis de convoquer un plus grand nombre d’hommes ;
4° Dans l’excédent de 11 113 hommes sont compris les insoumis incorporés après l’arrivée des recrues ;
5° La réforme d’hommes devenus impropres au service et les promotions au grade de sous-officier ont fait subir, à certains corps de troupe, des diminutions d’effectif supérieures au 6 % du Nachersatz. Ce déficit a dû être couvert par une convocation supplémentaire d’hommes de cette catégorie.
Allemagne, arrmée : Achat d’ustensiles de cuisine en aluminium par les corps de troupe.
La revue militaire de l’Etranger nous a livré l’information suivante : L’ordre d’achat d’ustensiles de cuisine en aluminium vient d’être communiqué à tous les corps de troupe. Le modèle de ces ustensiles individuels ne diffère pas de l’ancien. Mais, afin que nul éclat ne trahisse la présence des troupes, toutes les surfaces extérieures seront noircies.
Lundi 3 septembre 1894
Belgique, fortifications : Manœuvres de siège.
Cet article a été tiré de la Revue militaire de l’Etranger : Des manœuvres de siège, à double action, seront exécutées, du 3 au 14 septembre, dans les positions d’Anvers, Liège et Namur, sous la direction des gouverneurs militaires de Liège et de Namur et du président du comité d’Etude d’Anvers. Les troupes de toutes armes faisant partie de la garnison des places coopéreront à ces exercices.
Octobre 1894
France, faits divers : Affaire Dreyfus.
En France, l’affaire Dreyfus commence en octobre 1894.
Allemagne, armée : Le recrutement et la situation des sous-officiers dans l’armée allemande.
La Revue militaire de l’Etranger a livré cet article : Parmi les questions soulevées au sein du Reichstag, lors des dernières augmentations apportées aux effectifs de paix de l’armée allemande, l’une des plus importantes visait la difficulté de recruter à l’avenir et de conserver sous les drapeaux un cadre de sous-officiers qui s’est accru de plus de 15 000 emplois en l’espace de trois ans.
La loi du 15 juillet 1890 avait, en effet, porté l’effectif des sous-officiers de 62 155 à 66 952, celle du 3 août 1893 l’élevait à 77 883.
Les documents communiqués à la commission du parlement au cours de la discussion de cette dernière loi tendent à démontrer que l’incomplet qui, au 1er octobre 1893, était de 8 900 doit diminuer d’année en année et avoir complètement disparu au commencement de l’année 1898.
Pour obtenir ce résultat, le gouvernement compte sur un rendement plus considérable des écoles de sous-officiers, dont le nombre a été récemment augmenté, et aussi sur les avantages offerts depuis quelques années aux gradés rengagés.
Le caractère d’actualité que prend ainsi la question du recrutement des sous-officiers dans l’armée allemande, nous engage à récapituler dans une étude d’ensemble les traits qui font ressortir la situation présente du sous-officier allemand aussi bien pendant son temps de service qu’au moment où il quitte l’armée.
I. Hiérarchie et répartition des sous-officiers.
Les différents grades de la hiérarchie des sous-officiers se groupent en deux catégories distinctes au point de vue des insignes, des allocations et des prérogatives : les sous-officiers ayant la dragonne d’officier (Portepee Unteroffiziere) et les sous-officiers n’ayant pas droit au port de cette dragonne (Unteroffiziere ohne Portepee).
Dans la première catégorie se rangent :
Le Feldwebel et le Vize-Feldwebel.
Le Feldwebel (ou dans les armes à cheval Wachtmeister), sergent-major ou maréchal des logis chef, premier sous-officier de la compagnie (de l’escadron ou de la batterie), est chargé non seulement de la comptabilité, mais aussi de la discipline intérieure ; intermédiaire hiérarchique entre les hommes et le capitaine, il a, dans l’unité à laquelle il est affecté, un rôle bien caractérisé par la dénomination de « mère de la compagnie » (Mutter der Kompagnie) sous laquelle il est désigné dans les ouvrages militaires humoristiques.
Le Vize-Feldwebel (ou dans les armes à cheval Vize-Wachtmeister) est, comme premier sergent, chargé particulièrement de la tenue des hommes et des rassemblements pour les exercices et les prises d’armes.
La catégorie des sous-officiers n’ayant pas droit à la dragonne d’officier comprend :
Le Sergeant et l’Unteroffizier.
Le Sergeant exerce les fonctions que comporte en France le grade de sergent ou de maréchal des logis.
L’Unteroffizier ou sous-officier proprement dit est le gradé subordonné au sergent ; sa situation est supérieure à celle attribuée dans d’autres armées au caporal. Il ne couche pas dans la même chambre, ne mange pas au même ordinaire que les Gefreite et les simples soldats ; il a le droit de faire nettoyer et entretenir ses effets par un des hommes de son escouade. Enfin il appartient, comme son nom l’indique, à la catégorie des sous-officiers.
Le Portepeefaehnrich (enseigne porte-épée), qui figure dans la hiérarchie entre le Vize-Feldwebel et le Sergent n’est pas, à proprement parler, un sous-officier, mais plutôt un candidat officier, faisant un stage plus ou moins prolongé dans la compagnie (escadron ou batterie) pour apprendre les détails du service et se former au commandement.
Le grade de Portepeefaehnrich est donné à l’aspirant officier provenant soit des avantageurs (on sait que l’on désigne, en Allemagne, sous le nom d’Avantageur, les jeunes gens destinés à devenir officiers qui, après avoir subi l’examen d’aptitude pour Portepeefaehnrich, sont admis à servir comme soldats dans un corps de troupe en attendant leur entrée dans une école de guerre), soit des écoles de cadets. Avant d’avoir passé par l’Ecole de guerre (Kriegschule) le Portepeefaehnrich fait au régiment le service de sergent et compte parmi les sous-officiers n’ayant pas droit à la dragonne d’officier ; à sa sortie de cette école et après l’examen d’officier, il a droit à la dragonne d’officier ; à sa sortie de cette école et après examen d’officier, il a droit à la dragonne d’officier et remplit à son corps les fonctions de second lieutenant en attendant sa nomination à ce grade.
Les emplois spéciaux dans l’intérieur de la compagnie de l’escadron ou de la batterie sont confiés à des sergents ou à des Unteroffiziere, lesquels prennent les dénominations de fourrier (Furier), sous-officier de magasin (Kammerunteroffizier) ou, dans les armes à cheval (Quartiermeister) et sous-officier de tir (Schiessunteroffizier). Il convient encore de mentionner les sous-officiers dont les attributions s’exercent en dehors des compagnies, escadrons et batteries, savoir :
Les sous-officiers musiciens (Hoboisten) ayant la solde de Vize-Feldwebel).
Les tambours de bataillon (Bataillonstambours) (dont les deux tiers ont le rang de sergent et un tiers le rang de Unteroffizier).
Les aspirants payeurs (Zahlmeisteraspiranten) dont les trois quarts ont le rang et la solde de Feldwebel et l’autre quart le rang et la solde de sergent.
Les aides de lazareth (Lazarethgehülfen) dont la moitié a le rang de sergent ou de Unteroffizier, le reste comptant dans le rang comme simples soldats.
Les vétérinaires (Unterossärtze) hommes de troupe (ayant une solde supérieure à celle de Feldwebel).
Les Feldwebel et sous-officiers des districts de landwehr. Les Feldwebel de district sont stationnés isolément dans chacune des circonscriptions de compagnie pour servir, sur place, d’intermédiaires entre les hommes du Beurlaubtenstand et le chef-lieu du district, ainsi que pour assurer, chacun dans sa circonscription, la régularité des opérations préliminaires du recrutement et de la mobilisation.
Ces fonctions exigent, non seulement des connaissances professionnelles spéciales, mais aussi une caractère sérieux et des qualités de jugement ; elles ne sont confiées qu’à des sous-officiers ayant accomplis antérieurement plusieurs années de service dans les bureaux des commandants de district.
Enfin, il convient de mentionner les Vize-Feldwebel en sus du cadre (Ausseretatsmässige Vize-Feldwebel), c’est-à-dire nommés en sus de l’effectif budgétaire des sous-officiers, qui sont destinés à remplir en temps de paix des emplois vacants de second lieutenant dans les corps de troupe. Le nombre de gradés de cette catégorie spéciale est subordonné aux fluctuations des incomplets dans le cadre des officiers subalternes ; un ordre de cabinet le détermine chaque année. Les généraux commandant de corps d’armée répartissent ces Vize-Feldwebel selon les besoins entre les troupes de leur région, et les chefs de corps les affectent aux unités dont le cadre officiers n’est pas au complet (actuellement la proportion de Vize-Feldwebel en sus du cadre appelés à remplir les emplois de second lieutenant est réglée ainsi qu’il suit : dans l’infanterie, 12 emplois au plus par régiment, 4 par bataillon de chasseurs ; dans l’artillerie de campagne 3 emplois au plus par régiment, dans l’artillerie à pied 3 emplois au plus par bataillon, dans les pionniers 1 emplois au plus par bataillon, dans le train 3 emplois au plus par bataillon).
La répartition normale des sous-officiers entre les diverses unités est la suivante :
Infanterie.
Etat-major de régiment : 1 chef de musique (Stabshoboist) ayant rang de Vize-Feldwebel ; 1 Unteroffizier.
Etat-major de bataillon : 1 tambour de bataillon, 1 aspirant payeur, 1 Unteroffizier.
Compagnie :
Effectif normal : 1 Feldwebel, 1 Vize-Feldwebel, 1 Portepeefaenrich, 4 sergents, 7 à 8 Unteroffiziere, 1 aide de lazareth.
Effectif renforcé : 1 Feldwebel, 1 Vize-Feldwebel, 1 Portepeefaenrich, 5 sergents, 9 Unteroffiziere, 1 aide de lazareth.
La répartition des sous-officiers dans l’artillerie à pied, les pionniers, les troupes de chemins de fer et le train est la même que dans l’infanterie.
Cavalerie.
Etat-major de régiment : 1 trompette-major (Stabstrompeter), 1 aspirant payeur, 2 Unteroffiziere.
Escadron : 1 Wachtmeister, 1 Vize-Wachtmeister, 1 Portepeefaehnrich, 4 sergents, 7 Unteroffiziere, 1 aide de lazareth, 1 aide-vétérinaire, 1 maréchal ferrant.
Artillerie de campagne.
Etat-major de régiment : 1 trompette major, 1 aide-vétérinaire, 1 Unteroffizier.
Etat-major de groupe : 1 aspirant payeur, 1 maréchal ferrant.
Batterie : 1 Feldwebel, 1 Vize-Feldwebel, 1 Portepeefaehnrich, 4 sergents, 9 à 10 Unteroffiziere, 1 aide de lazareth.
Districts de landwehr: 4 à 6 Feldwebel (1 par subdivision de district ou bureau d’appel), 2 sergents (dont 1 garde magasin), 2 Unteroffiziere.
Recrutement des sous-officiers.
Le sous-officier allemand ne peut pas devenir officier. Tel est le principe fondamental sur lequel reposent le recrutement et la constitution du corps des sous-officiers en Allemagne.
Les sous-officiers proviennent du rang ou des écoles de sous-officiers.
1° Sous-officiers provenant du rang.
Les Gefreite (soldats de 1ère classe ayant une solde supérieure à celle des simples soldats) peuvent, sur la proposition de leur commandant de compagnie, escadron ou batterie, être nommés sous-officiers par le chef de corps. Cette nomination comporte, en principe, un rengagement préalable : c’est à titre d’exception que des Gefreite peuvent être nommés sous-officiers avant la fin du temps de service normal sous les drapeaux.
2° Sous-officiers provenant des écoles.
On compte, en Allemagne, 8 écoles de sous-officiers, savoir :
6 écoles prussiennes (Potsdam, Juliers, Biebrich, Weissenfels, Ettlingen, Marienwerder) ;
1 école saxonne à Marienberg;
1 école bavaroise (créée en 1894) à Fürstenfeldbrück.
Quant au Wurtemberg, à défaut d’écoles spéciales, il envoie 60 élèves dans les écoles prussiennes.
Les écoles de sous-officiers reçoivent comme élèves, d’une part, les jeunes gens de 17 à 20 ans qui, se destinant à la carrière de sous-officier, subissent avec succès un examen d’admission et s’engagent à servir quatre ans dans l’armée d’active à leur sortie de l’école, d’autre part, les élèves provenant des écoles préparatoires de sous-officiers (Unteroffizier-Vorschulen) (Les écoles préparatoires, au nombre de 7 pour tout l’Empire, installées séparément ou annexées à quelques-unes des écoles de sous-officiers reçoivent, à partir de 14 ans ½ les enfants qui, ayant achevé les études primaires, aspirent à entrer dans une école de sous-officiers. Les cours durent deux ans, à l’issue desquels les élèves sont admis de droit dans les écoles de sous-officiers).
La durée des cours est de deux ans pour ceux-ci, et de trois ans (à titre d’essais, les élèves des écoles de Potsdam, Juliers, Weissenfels et Ettlingen ont été, le 1er octobre 1894, envoyés dans les corps d’armée au bout de leur deuxième année d’étude ; le régime de trois ans a été conservé seulement dans les écoles de Biebrich et de Marienwerder, de manière à permettre à l’autorité militaire d’établir une comparaison entre les résultats produits par les deux systèmes, avant de généraliser la mesure) pour les jeunes gens admis à la suite du concours. Les élèves portent la dénomination de Fusiliere : ils ont l’uniforme de l’infanterie (sans signes distinctifs ni numéros à la patte d’épaule). Leur nombre varie selon les écoles. Dans la plupart d’entre elles, on compte de 500 à 520 élèves répartis en quatre compagnies. Dans d’autres, le nombre des places ne dépasse pas 280 (telles sont l’école de Juliers, celle de Fürstenfeldbrück et l’école saxonne de Marienberg). L programme de l’enseignement comporte : l’instruction religieuse, la lecture, l’écriture et le calcul, la langue allemande, la copie et la mise au net de toutes sortes d’écritures militaires, les éléments de comptabilité, d’histoire, de géographie, de dessin topographique et le chant. L’instruction pratique comprend les exercices et les manœuvres de l’infanterie, la gymnastique, l’escrime à la baïonnette et la natation.
A leur sortie d’école, les Fusiliere sont versés dans les corps de troupe d’infanterie et d’artillerie (les sous-officiers des autres armes proviennent exclusivement du rang) et promus Unteroffiziere au fur et à mesure des vacances : ils peuvent exceptionnellement être nommés sous-officiers dans les six derniers mois de leur séjour à l’école.
Dans ces conditions, la presque totalité des sous-officiers allemands est composée de rengagés.
Il n’existe d’ailleurs, qu’un tarif de solde unique pour chacun des échelons que comporte la hiérarchie des sous-officiers et, d’autre part, les règlements administratifs indiquent implicitement que les sous-officiers non rengagés ne perçoivent que la solde de Gefreiter. Cette prescription a pour conséquence une économie sur le chapitre de la solde et cette économie était, dans ces dernières années, mentionnée au budget. On n’en trouve plus trace au budget de 1894 – 1895, ce qui semble prouver que, par suite de la réduction du temps de service sous les drapeaux, le nombre des jeunes gens nommés sous-officiers avant d’avoir contracté un rengagement est tout à fait négligeable.
Prestation en deniers.
La solde des sous-officiers est, comme celle des hommes de troupe, payée par décade les 1er, 11 et 21 de chaque mois.
Le montant annuel de la solde budgétaire pour les divers grades est fixé par les tarifs ci-dessous :
Infanterie et chasseurs : Feldwebel, 900 francs, Vize-Feldwebel, 675 francs, Portepeefaehnrich, 405 francs, Sergent, 540 francs, Unteroffizier, 382 francs, Unteroffizier non rengagé (solde de Gefreiter), 180 francs.
Cavalerie, artillerie, pionniers, train : Feldwebel, 922,50 francs, Vize-Feldwebel, 697 francs, Portepeefaehnrich, 405 francs, Sergent, 562,50 francs, Unteroffizier, 405 francs, Unteroffizier non rengagé (solde de Gefreiter), 202,50 francs.
Un supplément de solde de 45 francs. par an est alloué aux sous-officiers exerçant les emplois de sous-officier de magasin, fourrier ou sous-officier de tir.
D’autre part, le budget de 1894-95 inaugure l’allocation d’une prime fixe de 125 francs pour tout premier rengagement.
En tant que rengagés, les sous-officiers conservent le droit à la solde pendant tout congé d’une durée inférieure à 3 mois : ceux qui n’ont pas encore contracté de rengagement ont droit qu’exceptionnellement à la solde pendant toute permission n’excédant pas huit jours.
Une punition subie dans une prison militaire entraîne la privation de la solde normale, laquelle figure comme économie dans la comptabilité du bataillon (du régiment de cavalerie ou du groupe d’artillerie). Le tarif unique de la solde en prison, sans distinction de grade, est, pour tous les sous-officiers et hommes de troupe, de 0,375 franc par jour.
En route, les sous-officiers ayant la dragonne d’officier ont droit à l’indemnité journalière (5,625 franc) et aux frais de route (0,375 franc) par kilomètre sur les voies ordinaires et 0,087 franc par kilomètre sur les voies ferrées, plus 1,25 franc par arrêt et changement de train lorsque le déplacement comporte un éloignement de plus de 2 kilomètres de la garnison.
Les sous-officiers n’ayant pas la dragonne d’officier n’ont droit à ces allocations en route que dans certains cas particuliers (tournées de recrutement ou de remonte, voyage d’état-major) ou lorsque, par suite de promotion ou de mutation, le sous-officier doit voyager isolément avec sa famille.
En outre, les sous-officiers ont, comme les officiers, droit à des indemnités de déménagement dont le tarif varie selon qu’ils sont mariés ou non :
1° Sous-officiers mariés :
Sous-officier ayant la dragonne d’officier, frais généraux : 125 francs ; frais de route pour 10 km : 5,00 francs.
Sous-officier n’ayant pas la dragonne d’officier, frais généraux : 62,50 francs ; frais de route pour 10 km : 2,50 francs.
2° Sous-officiers célibataires : indemnité unique :
Sous-officier ayant la dragonne d’officier : jusqu’à 250 km : 25,00 francs. Au-delà de 250 km : 37,50 francs.
Sous-officier n’ayant pas la dragonne d’officier : jusqu’à 250 km : 18,75 francs. Au-delà de 250 km : 25,00 francs.
Enfin, lorsque le sous-officier marié est éloigné de sa famille pour raison de service, il est alloué à celle-ci une indemnité journalière de :
1,875 francs pour le Feldwebel ; 1,50 franc pour le Vize-Feldwebel ; 1,125 franc pour le sergent ; 0,75 franc pour le Unteroffizier.
Prestations en nature.
Les sous-officiers sont, comme les soldats, nourris à l’ordinaire (Menage).
Une ration de 750 grammes de pain leur est allouée chaque jour, et l’ordinaire leur fournit, en outre, le café le matin et une ration journalière de vivres qui comporte :
150 grammes de viande,
90 grammes de riz, ou 120 grammes de froment mondé, ou 230 grammes de légumes secs, ou 1 500 grammes de pommes de terre.
On sait que les fonds d’ordinaire sont alimentés :
1° Par un prélèvement quotidien sur le prêt de 0,1625 franc ;
2° Par un supplément d’indemnité de vivres variant, selon les garnisons, de 0,162 à 0,212 franc et majoré de moitié pour les sous-officiers, c’est-à-dire s’élevant, pour ceux-ci, à 0,242 ou 0,318 franc ;
3° Par une indemnité de déjeuner de 0,0375 franc pour le café du matin.
L’ordinaire des sous-officiers est administré à part dans les corps de troupe par une commission dite Unteroffizier-Menage-Kommission comprenant : 1 capitaine, 1 lieutenant et 2 sous-officiers.
La cuisine se fait par bataillon : un cuisinier désigné est chargé spécialement de préparer la nourriture des sous-officiers. Le régime habituel de ceux-ci comporte : déjeuner du matin, café au lait ; repas de midi, soupe, viande rôtie, légumes et pommes de terre ; le soir, saucisses ou harengs avec pommes de terre. Les repas se prennent au casino des sous-officiers, dans des locaux absolument séparés de ceux où les soldats ont libre accès, de sorte que, en dehors du service, le contact entre les gradés et les hommes ne se produit que dans la cantine.
Organisées en gestion directe sous la surveillance d’officiers désignés par bataillon, ces cantines interviennent pour une assez large part dans les procédés d’alimentation de la troupe : elles procurent aux sous-officiers et soldats, contre payement au comptant, les aliments, boissons et menus objets mentionnés sur des tarifs arrêtés par le chef de corps.
Habillement.
La distinction entre le drap de sous-officier et le drap de troupe n’existe pas dans l’armée allemande. Les sous-officiers reçoivent les effets d’habillement, de grand équipement et d’armement au même titre et dans les mêmes conditions que les soldats ; toutefois, la durée réglementaire fixée pour les effets est réduite en leur faveur. Cette réduction est de la moitié de la durée pour la tunique et des deux tiers pour les autres effets dont les sous-officiers sont détenteurs. Ceux-ci perçoivent, en outre, une indemnité mensuelle de 1 franc pour les troupes à pied et de 2,187 francs pour les troupes à cheval.
Quant aux effets de petit équipement, ils deviennent la propriété du sous-officier à l’expiration de leur durée réglementaire, ou bien le sous-officier peut, au lieu de les recevoir en nature, toucher une indemnité dite de petit équipement et correspondant au prix de nomenclature des divers effets.
Enfin les économies réalisées dans les corps de troupe sur le fonds commun de l’habillement sont en partie consacrées à améliorer la tenue des sous-officiers dans les conditions déterminées par le chef de corps.
Couchage.
Le couchage, assuré par l’administration de garnison (Garnison-Verwaltung), ne diffère de celui des soldats qu’en ce qu’un matelas est ajouté à la paillasse et que le traversin de paille est remplacé par un traversin de crin.
Punitions.
Les punitions des sous-officiers consistent en réprimande, en service supplémentaire ou en arrêts.
La réprimande simple (einfacher Verweis) est infligée en présence d’un supérieur.
La réprimande formelle (förmlicher Verweis) est infligée en présence des officiers et des gradés de la compagnie, de l’escadron ou de la batterie.
La réprimande sévère (strenger Verweis) est mise à l’ordre.
Les arrêts simples (gelinder Arrest) ou consigne au quartier constituent une punition dont la durée peut atteindre 4 semaines ; enfin, les arrêts moyens à subir dans les locaux disciplinaires des quartiers ne sont infligés qu’aux sous-officiers n’ayant pas la dragonne d’officier.
Les sous-officiers n’ont pas le droit de punir ; ils ne peuvent que provoquer la punition en signalant aux officiers de la compagnie la faute commise ; le commandant de compagnie (escadron ou batterie) prononce la punition.
Mariage des sous-officiers. – Casinos.
En principe, les sous-officiers ne sont autorisés à se marier qu’à partir du grade de sergent. Toute demande d’autorisation de mariage doit être transmise par voie hiérarchique au chef de corps, et l’intéressé doit en même temps déposer dans la caisse du corps, à titre de fond d’épargne ou de réserve, une somme de 375 francs. Il appartient à l’autorité militaire de juger si la fiancé et sa famille présentent des garanties d’honorabilité compatibles avec la situation de sous-officier, aussi bien que d’apprécier les conditions dans lesquelles le fonds d’épargne doit être restitué au dépositaire.
Il ne serait pas exact d’attribuer à la législation allemande une tendance à favoriser le mariage des sous-officiers. En étudiant le régime des pensions, nous verrons plus loin que l’Etat est parcimonieux à l’égard des veuves et orphelins de militaires qui n’ont pas la qualité d’officier, et l’on peut constater sans peine que les efforts tendent plutôt à retenir les sous-officiers au quartier, à proximité de leur troupe, sans toutefois les mélanger avec elle.
Les traditions en honneur dans l’armée allemande facilitent l’obtention de ce résultat : d’une part, on laisse aux sous-officiers dans les détails du service un commandement et une initiative qui le grandissent à ses propres yeux et rehaussent son grade dans l’esprit de la troupe ; d’autre part, on a soin d’aménager dans chaque quartier des locaux où, selon l’ouvrage du lieutenant-colonel Vogt (Oberstleutnant Vogt : Das Buch vom deutschen Heere), apparaît la sollicitude de l’autorité militaire à l’égard des sous-officiers : « Etablis sur le modèle des casinos d’officiers, mais dans des conditions plus modestes, les casinos de sous-officiers comportent, par bataillon, trois pièces dont une salle à manger, une salle de lecture et un billard ; ses chambres sont simplement, mais confortablement meublées ; le linge de table et la vaisselle, aussi bien que les menus de repas, correspondent exactement à la tenue d’une bonne maison bourgeoise ; la salle de lecture est abondamment pourvue de publications et de journaux dévoués au souverain et à la patrie. Le casino est le domaine, le foyer des sous-officiers. Ils l’administrent eux-mêmes, sous la direction du chef de bataillon ou d’un capitaine. Là, ils peuvent, sans contrainte, dans la cordialité de leurs réunions, se reposer des exigences du service et jouir des charmes d’une bonne camaraderie, qui a le double avantage de former les caractères et d’éloigner les gradés de fréquentations indignes de leur rang ».
Telles sont les principales dispositions qui régissent en Allemagne la situation des sous-officiers pendant le temps qu’ils passent sous les drapeaux ; il nous reste à examiner les mesures prises à leur égard en vue de leur situation ultérieure.
II. Prime pour l’ancienneté de service ; droit à un emploi civil.
Depuis 1890, les sous-officiers ayant accompli 12 ans de service actif reçoivent une prime fixe de 1 250 francs une fois donnée. En même temps, leur est acquis, en principe, le droit à un emploi civil.
Toutefois, les statistiques publiées à l’occasion des débats parlementaires prouvent que la proportion de sous-officiers effectivement pourvus d’emplois civils après avoir quitté le service n’excède pas un tiers.
Les deux autres tiers conservent le titre qui constate leur droit, mais ils n’en tirent aucun bénéfice matériel, à moins qu’ils ne soient reconnus invalides, auquel cas ce titre leur assure une indemnité mensuelle de 15 francs.
Quoi qu’il en soit, l’autorité militaire accorde dans la plus large mesure aux sous-officiers admis à postuler un emploi civil, les facilités de préparer leur admission à cet emploi.
C’est ainsi que les candidats (Militär-Anwärter) sont autorisés, même avant l’expiration de leur temps de service sous les drapeaux, à faire un stage à l’administration dans laquelle ils désirent être employés : selon les emplois postulés, la durée du stage varie de 6 mois à un an, au maximum.
De plus, pendant ce stage, le sous-officier candidat à un emploi civil perçoit une allocation mensuelle destinée à compléter celle qu’il reçoit de l’administration civile, jusqu’à concurrence de la quotité déterminée par les deux tarifs suivants, distincts selon qu’il a ou non de la famille :
Feldwebel, marié : 126,00 francs ; célibataire : 112,50 francs.
Vize-Feldwebel, marié : 112,50 francs, célibataire : 93,75 francs.
Sergent, marié : 100,00 francs ; célibataire : 75,00 francs.
Unteroffizier, marié : 87,50 francs ; célibataire : 62,50 francs.
Une réglementation assez complexe, mais formelle, détermine les emplois qui peuvent ou doivent être attribués aux anciens sous-officiers.
Les emplois de gendarme ou d’agent de police sont réservés aux sous-officiers ayant 9 ans de service.
Les places d’employés subalternes des administrations de l’Empire et des Etats de la Confédération, à l’exception des places dans le service des forêts, sont attribuées aux candidats militaires dans les conditions suivantes :
Doivent être réservées aux candidats militaires les places de commis aux écritures et d’écrivains, ainsi que celles qui ne nécessitent pas de connaissances techniques, dans toutes les administrations, sauf la chancellerie de l’Empire, le ministère des Affaires étrangères, les ambassades et consulats.
Est également réservée aux candidats militaires la moitié au moins des places d’employés de bureau permanents ou temporaires lorsque ces places n’exigent pas une instruction spéciale, dans toutes les administrations sauf les ministères, ambassades et consulats.
Les fermiers des domaines nationaux, les fonctionnaires du service de la dette publique et autres administrations qui doivent se procurer eux-mêmes leur personnel secondaire, sont astreints à choisir des candidats militaires, en leur attribuant un traitement au moins égal à la somme qu’ils reçoivent eux-mêmes des caisses de l’Etat pour le payement de leurs employés.
Les administrations communales sont obligées aussi de réserver de préférence aux anciens sous-officiers les emplois subalternes dont elles disposent : ce n’est que pour le choix de leurs caissiers et des intendants de leurs domaines privés qu’elles conservent une entière liberté.
Les emplois réservés ne peuvent être attribués à des candidats civils qu’à défaut de candidats militaires reconnus aptes à ces emplois.
Les places pour lesquelles il n’existe pas de candidats sont énumérées dans une liste publiée périodiquement par le ministère de la Guerre. Si, au bout de 6 semaines aucune candidature ne s’est produite, les administrations recouvrent leur entière liberté pour combler les vacances.
A la fin de chaque trimestre, la liste des emplois conférés aux candidats militaires est publiée : la régularité de la concession de ces emplois est assurée par le contrôle exercé à cet égard par la Cour des comptes.
Emploi des anciens sous-officiers des services administratifs.
En même temps qu’est ouvert aux sous-officiers l’accès des emplois civils que nous venons d’énumérer, les places d’employés militaires dans les administrations leur sont attribués dans une très large proportion.
Admis sous la double condition d’avoir satisfait aux épreuves des concours et de n’avoir pas dépassé l’âge de 32 ans, dans les emplois subalternes des services de subsistance, de l’habillement, de l’administration de garnison, etc., ils peuvent, dans ces divers services, se faire une carrière complète jusqu’aux emplois de fonctionnaires supérieurs et atteindre ainsi un rang qui, sans les assimiler en aucun cas aux officiers, leur assure, du moins, un traitement susceptible de s’élever jusqu’à 4 500 francs, ainsi que les droits à une retraite proportionnelle, d’après des tarifs sensiblement égaux à ceux applicable aux officiers.
Emploi, en temps de guerre, d’anciens sous-officiers dans les fonctions de second-lieutenant.
Sans déroger au principe qui exclut pour le sous-officier la possibilité de devenir officier, les Allemands ont prévu l’utilisation en temps de guerre, dans les fonctions de second lieutenant, d’anciens sous-officiers particulièrement méritants.
Aux termes d’un ordre de cabinet du 15 novembre 1877, les emplois de second lieutenant dans les troupes de dépôt de garnison et de Landsturm peuvent être occupés par d’anciens sous-officiers ayant satisfait aux obligations du service dans l’armée d’active, la réserve et la Landwehr (c’est-à-dire âgés d’au moins 39 ans) et s’engageant à rentrer sous les drapeaux en cas de mobilisation.
Ces gradés sont désignés par le titre de Feldwebel-Lieutenants ; ils comptent parmi les officiers subalternes de Landwehr, mais sans faire partie du corps d’officiers au vote duquel leur nomination n‘est pas soumise.
Ils portent l’uniforme de Feldwebel (ou Wachtmeister) avec la patte d’épaule de second lieutenant, et le sabre d’officier. Employés en principe dans les dépôts et les troupes restant sur le territoire, ils représentent un appoint fort appréciable pour l’encadrement et l’instruction de ces éléments, appoint qui permet de réduire considérablement les prélèvements nécessaires sur les cadres-officiers des formations actives.
Pensions.
Le droit à une pension viagère n’est acquis au sous-officier que dans les conditions suivantes :
1° Au titre de traitement d’invalide, en cas d’incapacité des servir causée par le service, au bout de 8 années de services ;
2° A titre de pension d’ancienneté, à partir de 18 années de services.
Le tableau ci-dessous fait ressortir les divers tarifs et les conditions d’allocation de ces pensions :
Pension de 1° classe ; 1° après 36 ans de service, 2° aux invalides après 25 ans de services, 3°aux militaires ayant besoin de soins spéciaux et hors d’état de subvenir à leurs besoins en raison d’infirmités résultant du service :
Feldwebel : 630,00 francs ; Sergent : 540,00 francs ; Unteroffizier : 493,00 francs.
Pension de 2e classe ; 1° après 30 ans de services, 2° aux invalides après 20 ans de services, 3° aux militaires hors d’état de travailler en raison d’infirmités contractées dans le service :
Feldwebel : 495,00 francs ; Sergent : 405,00 francs ; Unteroffizier : 360,00 francs.
Pension de 3e classe ; 1° après 24 ans de services, 2° aux invalides après 15 ans de services, 3° aux militaires dont la faculté de travail est amoindrie en raison d’infirmités provenant du service :
Feldwebel : 405,00 francs ; Sergent : 315,00 francs ; Unteroffizier : 270,00 francs.
Pension de 4e classe ; 1° après 18 ans de services, 2° aux invalides après 12 ans de services, 3° aux militaires dont la faculté de travail est amoindrie en raison d’infirmités provenant du service :
Feldwebel : 315,00 francs ; Sergent : 225,00 francs ; Unteroffizier : 180,00 francs.
Pension de 5e classe ; 1° aux invalides après 8 ans de services, 2° aux demi-invalides après 12 ans de services, 3° aux hommes devenus invalides ou demi-invalides par le fait du service :
Feldwebel : 225,00 francs ; Sergent : 180,00 francs ; Unteroffizier : 135,00 francs.
Supplément :
Pour ancienneté de service aux sous-officiers complètement invalides : 22,50 francs pour chaque année de service au-delà de 18 ans.
Alloué aux invalides devenus tels par suite de la guerre de 1870-71 : 90 francs par an.
Pour mutilation occasionnée par le service : 270,00 francs.
La pension de retraite ne se cumule que dans certaines limites avec le traitement afférent à l’emploi civil octroyé par l’Etat.
Les limites du cumul, déterminés par la loi du 22 mai 1893, sont les suivantes :
Pour tout sous-officier ayant 12 ans de services au moins : 1 750,00 francs.
Pour le Feldwebel : 1 500,00 francs.
Pour tout sous-officier ayant moins de 12 ans de service : 1 125,50 francs.
Quant aux veuves et orphelins, l’ancienneté de services du décédé, quelle qu’elle soit, ne leur donne droit à aucune pension.
La condition exclusive pour allocation d’un secours viager à la veuve (405 francs pour veuve de Feldwebel, 315 francs pour veuve d’autre sous-officier), ou d’un secours jusqu’à l’âge de 15 ans pour les orphelins (157,50 francs ou 225 francs, selon que l’enfant est orphelin de père ou de père et de mère), est que le décès du chef de famille soit survenu sur le champ de bataille ou par suite de fait de guerre.
En résumé, si l’armée allemande possède un cadre solide de sous-officiers, pour ainsi dire tous rengagés, c’est plutôt par l’attrait d’une situation sûre et honorée, que par des offres multiples d’avantages pécuniaires, qu’elle l’a obtenu et qu’elle le conserve.
Le chemin de l’épaulette est barré aux sous-officiers ; le grade de Feldwebel est le degré le plus élevé que puisse atteindre la carrière militaire du gradé.
Il ne lui est alloué d’ailleurs ni solde progressive, ni haute paye depuis la date du premier rengagement, qui lui vaut une prime unique de 125 francs, jusqu’au terme de 12 années de services : ce terme lui ouvre le droit à une prime d’ancienneté de 1 250 francs, mais lui ferme en même temps le droit à tout rengagement ultérieur.
Qu’il obtienne ou non l’emploi civil auquel lui donne droit son certificat de Militär-Anwärter, au bout de 12 ans de services, le département de la guerre est dégagé envers lui de toute obligation.
Si, d’autre part, au lieu de rechercher et d’attendre un emploi civil, le sous-officier est admis à rester sous les drapeaux, dans la situation de commissionné, c’est à 18 ans de services seulement qu’il acquiert un nouvel avantage, celui d’une pension de retraite minima, laquelle s’augmente ensuite par périodes sexennales dans des proportions modestes, jusqu’à un maximum de 36 ans de services.
Dans ces conditions, on doit attribuer surtout à l’esprit militaire de la nation, au prestige du grade dans l’armée le courant régulier de rengagements qui, jusqu’ici, a suffi pour maintenir à peu près au complet l’effectif des grades.
Mais une brusque augmentation de 11 000 emplois de sous-officier ne peut manquer de modifier les conditions d’équilibre entre les ressources et le nécessaire, d’autant plus qu’elle survient précisément en un temps où les exigences de la vie matérielle se développent rapidement en Allemagne aussi bien qu’ailleurs. Or, ces exigences ont déjà rendu nécessaires en 1890, puis en 1894 la concession aux rengagés de nouveaux avantages pécuniaires qui portent actuellement à 5 200 000 francs environ la dépense annuelle afférente aux rengagements.
Donc, si la question des sous-officiers devait être, il y a quelques années, considérée comme résolue en Allemagne, il est incontestable que les circonstances présentes la font entrer dans une phase nouvelle, et seul l’examen des prochains budgets pourra faire connaître si les dispositions actuelles en vigueur ont réellement suffi pour la résoudre à nouveau.
Lundi 15 octobre 1894
France, faits divers : Affaire Dreyfus.
Le 15 octobre 1894, le capitaine Alfred Dreyfus, officier du 14e régiment d’artillerie, membre de l’Etat-major de l’armée, avait été arrêté sous la présomption de servir d’agent de renseignements à l’Allemagne. Malgré ses protestations d’innoncence, il est incarcéré à la prison du Cherche-Midi.
Mercredi 17 octobre 1894
Allemagne, Berlin, armée : Cérémonie de la remise des drapeaux au quatrièmes bataillons.
Article tiré de la Revue militaire de l’Etranger : Les 17 et 18 octobre 1894 a eu lieu, en présence de l’Empereur, la remise solennelle des drapeaux aux quatrièmes bataillons créés dans l’infanterie prussienne par la loi du 3 août 1893.
Depuis l’avènement de Guillaume Ier, qui avait, le 18 janvier 1861 jour de son couronnement, procédé à la même cérémonie pour les drapeaux et étendards des unités créées pendant la régence, l’armée n’avait pas reçu une aussi importante distribution d’enseignes.
On a observé la mise en scène de la fête de 1861, fête à laquelle assistait l’Empereur Guillaume II, alors âgé de 2 ans.
Le clouage des 132 drapeaux destinés aux nouveaux quatrièmes bataillons d’infanterie et aux 3e bataillons de pionniers a eu lieu en grande pompe au Panthéon et leur considération s’est faite devant le monument de Frédéric-le-Grand.
Le cérémonial de clouage est le suivant : chaque colonel est debout devant une table où est déposé l’étendard destiné à l’unité qu’il commande ; en face de lui se tient la délégation de son régiment, 1 officier et 2 sous-officiers, dont le porte -drapeau. L’Empereur, les membres de la Cour, les généraux présents (tous les généraux de corps d’armée assistaient à la cérémonie) et, après eux, le colonel et les membres de la députation enfoncent chacun un clou. Les drapeaux sont restés jusqu’au lendemain au Panthéon, où la compagnie « du corps » du premier régiment de la garde est venue les prendre pour les porter devant l’autel érigé au pied du monument de Frédéric-le-Grand. Là a été célébré le service divin ; une prière de consécration a été prononcée par l’officiant ; aux paroles sacramentelles, les officiers, saisissant les étendards, les inclinèrent vers l’autel. Après la bénédiction et le chant des cantiques, les tambours et les trompettes retentirent et les drapeaux défilèrent ainsi que les troupes présentes.
Les troupes portaient la tenue de parade ; la compagnie « du corps » du 1er régiment de la garde à pied portait la coiffure historique des grenadiers.
Les enseignes distribuées sont, pour le régiment de la garde à pied et le régiment de fusiliers de la garde, les drapeaux « de la garde » en soie blanche ; pour le régiment de grenadiers de la garde et les régiments de grenadiers, des drapeaux « de grenadiers » dont la soie blanche porte aux quatre angles des coins noirs s’allongeant vers l’écu. Les hampes de ces drapeaux sont blanches. Les autres régiments d’infanterie, ainsi que les trois nouveaux bataillons de pionniers, ont reçu des drapeaux « de ligne » en soie noire, avec angles blancs et hampes noires.
La remise des drapeaux aux quatrièmes bataillons des régiments badois, hessois, d’Oldenbourg et de Brunswick n’a pas été faite par l’Empereur, mais par les princes régnants à qui les conventions militaires ont réservé cet honneur. La même cérémonie pour les quatrièmes bataillons bavarois a eu lieu le 23 octobre aux deux chefs-lieux de corps d’armée, en même temps que la prestation de serment des recrues.
Novembre 1894
Allemagne, Metz : Réalisation du plan de mise en état de défense de la Feste Friedrich Karl.
En novembre 1894, réalisation du plan de mise en état de défense « Armierungsplan » du groupe fortifié « Friedrich Karl » à Metz à l’échelle 1 :2 000, dimension 66,5 x 33 cm.
Russie, politique : Décès du Tsar Alexandre III.
Le Tsar Alexandre III décède en novembre 1894. Le nouveau Tsar, Nicolas II affirme sa volonté de poursuivre la politique extérieure de son père.
Lundi 26 novembre 1894
France, faits divers : Affaire Dreyfus.
Déjà avant l’instruction du procès, le 26 novembre 1894, l’accusation portée contre le capitaine Dreyfus suscite de violentes protestations du gouvernement allemand. Berlin démentit officiellement tout contact ou collusion avec le suspect. On s’empresse aussitôt de mettre l’ambassade d’Allemagne à Paris hors de cause.
Novembre 1894 – février 1895
Allemagne, Alsace-Lorraine : Manœuvres d’hiver.
La revue militaire des armées étrangères nous livre les informations suivantes : Pendant l’hiver de 1894-95, nous voyons, au contraire, les exercices extérieurs se généraliser et avoir lieu indistinctement dans toutes les régions de l’Empire. Seul, toutefois, comme l’année précédente, le XVe corps procède à une manœuvre d’ensemble d’une durée de deux jours dans la région de Phalsbou rg et de Mittelbronn. Dans les autres corps d’armée, les exercices s’effectuent par fractions isolées transportées le plus souvent en chemin de fer à quelque distance de la garnison. Arrivés à destination, bataillon, escadron ou batterie prennent part à une manœuvre à double action ou procèdent à des feux de guerre en terrain varié sur silhouettes ou sur tranchées de neige. Fréquemment, l’exercice consiste en une marche d’épreuve par temps de neige avec application de service en campagne, puis en installation au bivouac pour une durée variant de 4 heures à une nuit entière. Dans les Vosges, les quatre bataillons de chasseurs renouvellent les exercices de l’hiver précédent sur raquettes à neige.
Allemagne, armée : Manœuvres d’hiver.
La revue militaire des armées étrangères nous donne quelques informations sur les diverses manœuvres d’hiver et leurs conséquences sur la santé de la troupe : « Quelques citations empruntées aux comptes rendus de la presse sur les manœuvres d’hiver des régions de l’intérieur ou de la frontière orientale de l’Empire feront mieux ressortir la nature de ces exercices : Le 7 janvier dernier, dans l’après-midi, arrivait par chemin de fer à Neurode, venant de Breslau, une compagnie du régiment de grenadiers n°11, à l’effectif de guerre, avec le général commandant la division et son état-major. Aussitôt débarquée, la compagnie gagna Mölke et forma les faisceaux dans une prairie entourée de bois. Les hommes se mirent de suite au travail pour enlever la neige sur les bandes désignées comme emplacement des lignes de tentes. Le sol fut recouvert de paille et de branches de sapin et l’on procéda au montage des tentes, tandis que s’allumaient les feux pour la préparation du repas. Le général resta avec la compagnie et passa la nuit sous la tente : la température qui était de – 8° Réaumur dans la soirée descendit à – 13° vers le matin. Au jour, la troupe leva le bivouac et exécuta pendant la matinée des tirs sur un dispositif de panneaux. Dans l’après-midi, elle retourna à la gare de Neurode et fut ramenée à Breslau ». Vers la fin du même mois, la garnison de Potsdam est tout entière mise sur pied par une alerte et prend position vers Nedlitz pour une manœuvre à double action à laquelle l’empereur assiste en personne : lutte d’artillerie, charge de cavalerie, combat d’infanterie marquent les phases de l’action : « Les hommes sont en tunique, le manteau roulé sur le sac, les moufles suspendues à la poignée du sabre-baïonnette : la présence du souverain donne à tous ardeur et entrain, et à la tombée de la nuit les troupes rentrent d’un pas allègre, musique en tête, dans leurs chaudes casernes ».
Les armes spéciales ont aussi leurs manœuvres d’hiver : le 8 février, le 3e régiment de chemins de fer exécute près de Klausdorf, un exercice de pose de voie par un froid particulièrement rigoureux, et laisse au chantier, pour la nuit, un détachement de 40 hommes avec un officier campés sous la tente-abri.
Quelques jours plus tard le bataillon des pionniers de la garde et le régiment de grenadiers de la garde n°3 sont « alarmés » pour simuler un coup de main nocturne sur la citadelle de Spandau, dont les fossés sont gelés.
« Au signal donné, les pionniers suivis de près par l’infanterie descendent à l’aide d’échelles le long de la contrescarpe dans le fossé recouvert d’une épaisse couche de glace et de neige. Le fossé est vivement franchi sous le feu des défenseurs, malgré les faisceaux lumineux des projecteurs électriques qui dévoilent le mouvement de l’assaillant ; puis les échelles portées chacune par trois hommes se dressent contre l’escarpe, le pied maintenu par deux soldats, tandis qu’un troisième, gravissant rapidement les échelons, fixe le sommet à la crête au moyen de cordes et de crampons. Cette opération achevée, les fantassins, le fusil en bandoulière, s’élancent sur les échelles pour franchir le rempart. La manœuvre, arrêtée à ce moment, a montré aux troupes le parti d’un assiégeant audacieux peut tirer des circonstances ».
Au IXe corps, les troupes stationnées à Schleswig, Flensbourg, Rendsbourg et Sonderbourg sont « alarmées » et rassemblées par le général v. Waldersee pour exécuter, le 13 février, une manœuvre sur le terrain même du combat de 1864 entre les Danois et les Autrichiens.
Tels sont les faits, au moins tel est le résumé des citations de la presse allemande en ce qui concerne les exercices exécutés à titre de manœuvres d’hiver. En dehors de ces citations, les appréciations, les comptes rendus de l’état des troupes pendant ou après ces exercices présentent une telle diversité, souvent même des contradictions si manifestes, qu’il est difficile d’en dégager la vérité.
Selon les feuilles périodiques militaires et les grands journaux, les hommes auraient, à en juger par leur bonne mine et leur gaieté, supporté facilement les fatigues des exercices d’hiver ; les tentes-abris auraient donné les meilleurs résultats ; il serait établi que, avec un montage exécuté soigneusement et une couche de paille suffisamment épaisse étendue sur le sol, la température à l’intérieur des tentes est de 12° supérieure à celle du dehors.
En conséquence, des hommes préalablement réchauffés à la flamme des grands feux de bivouac entretenus pendant toute la durée du stationnement, ont pu passer la nuit sous la tente dans des conditions n’offrant aucun obstacle au sommeil, aucun danger pour la santé. Enfin les précautions hygiéniques auraient été scrupuleusement observées : les médecins constamment présents e à ces manœuvres auraient assuré de deux heures en deux heures des distributions de boissons chaudes, et particulièrement de café et de thé dont les hommes apprécient de plus en plus l’effet bienfaisant.
Mais la presse locale des différentes provinces de l’Empire est loin de s’exprimer dans un sans aussi optimiste.
Ainsi, au VIIe corps, une compagnie d’infanterie portée à l’effectif de guerre avait exécuté, en janvier dernier, par une température de 7° au-dessous de zéro, un exercice extérieur terminé par une nuit de bivouac. A son retour, un tiers des hommes auraient été malades à la chambre et plusieurs d’entre eux auraient dû être envoyés d’urgence à l’hôpital
De même, au XVe corps, la rentrée des manœuvres de trois jours en 1894 aussi bien que des manœuvres de deux jours de 1895 aurait offert le spectacle de nombreux éclopés et traînards, allongeant des colonnes où les rangs présentaient en majorité des hommes résignés, il est vrai, mais abattus, harassés et transis de froid. Dans les jours suivants, les infirmeries régimentaires et les hôpitaux se seraient remplis d’hommes atteints d’angines, bronchites et pleurésies ; puis seraient survenus, triste conséquence des expériences faites sur la santé des hommes en même temps que les avantages de la tente-abri, les décès dont l’autorité militaire aurait cherché à dissimuler le nombre.
Nous admettons qu’il y a une part d’exagération aussi bien dans ces comptes rendus poussés au noir que dans les récits tendant à faire croire que des soldats, dont les plus anciens avaient quinze mois de service et dont la moitié était formée de recrues arrivées au corps depuis deux mois à peine, ont supporté, sans en ressentir aucune atteinte, l’épreuve du froid pendant des nuits entières, ces manœuvres hivernales « leur offrant visiblement l’attrait d’une nouveauté et d’une distraction ».
Ce n’est pas d’un seul coup, le jour même où les hommes sont, à l’improviste, appelés hors de leur chambrée et de leurs lits chaudement couverts, que s’acquiert l’endurance à laquelle parviennent peu à peu les troupes au cours d’une campagne.
Or celles-ci, le resserrement des cantonnements accentue de jour en jour d’avantage la défectuosité des abris, et amène, par une transition non brusquée, le passage à l’installation au bivouac.
Il y a une loi naturelle à laquelle les ordres les plus formels ne sauraient soustraire les hommes quels qu’ils soient ; la loi d’accoutumance. Cette loi impose l’obligation de n’avancer que pas à pas dans l’effort, dans l’exercice que l’on veut mener au degré le plus voisin de la perfection. La « forme », pour employer l’expression sportive, ne se bâtit que pierre par pierre en constatant bien que le ciment sèche au fur et à mesure. Autrement dit, un entraînement méthodique sagement conduit peut seul mettre le corps humain à l’épreuve des rigueurs d’un milieu hostile.
Certes, la force morale, la foi en l’effort, le sentiment du devoir et l’amour propre, fruits d’une bonne éducation militaire, accéléreront d’une manière sensible cette « adaptation au milieu » ; mais encore faut-il laisser au corps humain le temps de se modeler, de s’adapter « à la forme » qu’on lui demande. La nature n’admet pas les transformations instantanées.
En résumé, nous devons considérer comme également vraisemblables, d’une part, les tristes conséquences de manœuvres d’hiver brusquement commencées et poursuivies jour et nuit pendant 48 ou 60 heures, et, d’autre part, le résultat pleinement satisfaisant d’exercices extérieurs n’excédant pas par les froids les plus intenses une journée ou une partie de la nuit, pourvu toutefois que ces exercices forment comme une simple continuation de marches ou d’applications de service en campagne fréquemment répétées pendant la période d’acheminement vers l’extrême rigueur de la température.
Ces résultats diamétralement opposés ne proviennent que de l’interprétation fausse et irréfléchie, ou logique et sensée, du principe indiscutable que le règlement allemand sur le service en campagne contient dans l’introduction, savoir :
« La force d’une armée réside dans sa préparation constante à une entrée immédiate en campagne, et cette condition impose de ne pas limiter à une période déterminée de l’année les exercices qui concernent ce que chaque arme est appelée à faire à la guerre ».
Rien n’est plus vrai, et c’est seulement en s’inspirant de ce principe qu’une troupe mérite d’arborer la fière devise : Jederzeit kampfbereit « Toujours prête au combat » ; mais les exemples que nous venons de citer montrent l’application bien ou mal entendue de ce sage principe conduit, soit au but poursuivi, soit au contraire aux plus déplorables résultats.
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Site Internet Wikimapia Strasbourg. Documents, illustrations et textes divers provenant de ce site.
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Site Géoportail, Institut National de Géographie (I.G.N.). Cartes, photographies aériennes et documents divers téléchargé sur ce site.
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Documents et illustrations téléchargés sur le site de la Bibliothèque Nationale de France, BNF, site Gallica.
S3651
Documents et illustrations téléchargés sur le site de la Bibliothèque Nationale et Universitaire de Strasbourg, consultés sur place ou téléchargé via le site BNF / Gallica.
S3652
Site Internet Archiwiki, Illustrations, plans documents et informations téléchargées sur ce site.
Archives & Bibliothèques
AVES = Archives de la Ville et de l’Eurométropole de Strasbourg.
AD-67 = Archives départementales du Bas-Rhin ; Strasbourg.
BCGS = Bibliothèque du cercle de garnison de Strasbourg (fermée, ouvrages seront transférés).
BNF = Bibliothèque Nationale de France
BNUS = Bibliothèque Nationale et Universitaire de Strasbourg
BMS = Bibliothèques Municipales de Strasbourg.
BA = Bundesarchiv (archives fédérales allemandes)
BA-MA = Bundesarchiv Abteilung Militärarchiv, Freiburg
GSTaPK = Geheimes Staatsarchive Preussischer Kulturbesitz, Berlin.
GLAKa = Generallandessarchiv Karlsruhe
BA-St = Bundesarchiv, Stuttgart.
SHD = Service Historique de la Défense, Vincennes.
Archives personnelles, collections, dessins, photographies, relevés sur le terrain, de sources privées
BA = Brauch André
BP = Burtscher Philippe
Sites Internet
BNF – Gallica : accès aux ouvrages en ligne de la Bibliothèque Nationale de France et autres sites associés :
https://gallica.bnf.fr/accueil/fr/content/accueil-fr?mode=desktop
Bundesarchiv (archives fédérales allemandes)
https://www.bundesarchiv.de/DE/Navigation/Home/home.html
Site très complet recensant les fortifications françaises 1874-1918 environ :
Arme du Génie et fortifications diverses
https://franchissement.forumgratuit.org/
AVES Archives de la Ville et de l’Eurométropole de Strasbourg
https://archives.strasbourg.eu/